L’armée israélienne est entrée dans Rafah la semaine dernière dans le but de « détruire les derniers bastions du Hamas ». Cette entrée par la frontière égyptienne s’est faite en grande pompe : destruction au tank du signe à l’entrée « I love Gaza » — probablement très dangereux.
Les États-Unis avaient prévenu que la livraison d’armes serait interrompue si l’offensive sur Rafah avait lieu. Les télévisions américaines ont mis en boucle les balbutiements de Biden, et la réaction a été immédiate. Le ministre de la Police, le très fasciste Ben Gvir, a même tweeté que Biden aimait le Hamas. Le rival pour la présidentiel, Trump, indiquant que c’était inadmissible de laisser Israël comme ça et que « les juifs qui votent pour Biden doivent subir un examen de la tête ». Il n’aura visiblement pas fallu longtemps pour que Biden cède sous la pression car l’invasion de Rafah a eu lieu et les États-Unis ont autorisé une livraison d’armes (des obus de mortiers).
Aucun cessez-le-feu
Cette entrée dans Rafah a déclenché l’évacuation de plusieurs zones de Rafah, sous peine de mort. Les populations, déjà déplacées depuis le nord, ont dû encore une fois aller dans une zone dite « sûre » où l’armée israélienne pratique des bombardements.
Cette entrée dans Rafah s’est faite en rejetant l’accord — que le Hamas avait accepté — de cessez-le-feu et d’échanges de prisonniers/otages. L’accord avait été initialement proposé par Israël pourtant. L’obstacle à l’accord, ce ne sont pas les otages. D’ailleurs, sentant la catastrophe arriver, les familles des otages israéliens ont multiplié les manifestations d’opposition à l’action du gouvernement. Ils savent pertinemment ce que la « dernière » phase de cette offensive va signifier pour les chances de survie de leurs proches.
Pression sur l’aide humanitaire et maltraitances
Cette entrée dans Rafah s’est faite en grande pompe avec le soutien d’une partie de la population israélienne qui a installé des rochers sur la route menant à l’enclave pour empêcher les camions d’aide humanitaire de passer. À plusieurs moments, ces mêmes citoyens israéliens étaient filmés en train de détruire de l’aide humanitaire. CNN a révélé que des lanceurs d’alerte israéliens ont confirmé ce que plusieurs témoignages avaient commencé à révéler : que l’État Hébreu a arrêté, torturé, maltraité et tué des dizaines de Palestiniens capturés à Gaza. Ils ont révélé l’ampleur des maltraitances : maladie non soignée, amputations des membres à la suite de ports de menottes prolongés.
Cette entrée dans Rafah n’a pourtant pas empêché des roquettes d’être tirées depuis le nord (normalement sous contrôle) de la bande de Gaza et de toucher Beer-Sheva dans le désert du Néguev. Ceci montre notamment que le contrôle d’Israël sur Gaza n’est pas total malgré l’ampleur des destructions et le massacre de civils.
Mouvement de solidarité
L’entrée d’Israël dans Rafah marque un tournant dans la conduite de la guerre génocidaire. D’une part, Israël, malgré la pression et sans plus jamais prétendre à la libération de qui que soit, a décidé de continuer son projet délirant. Ce projet est dénoncé par la communauté internationale, dont quasiment tous les membres ont voté la création d’un État palestinien — vote qui a reçu le veto des États-Unis.
Même les puissances occidentales n’ont pas osé voter contre. Cette situation est le résultat de la pression internationale exercée par le mouvement de solidarité envers les PalestinienNEs partout dans le monde. Notamment le relais pris par le mouvement étudiant sur les occupations d’université aux États-Unis, partout en Europe et ailleurs (Jordanie, Afrique du Sud). Même s’il est fortement réprimé, ce mouvement fait tache d’huile et pourrait redonner de l’espoir et de l’énergie dans la lutte contre le génocide en cours.