Reconnaître la nature coloniale de la situation en Palestine a pour conséquence qu’il doit revenir aux PalestinienNEs de décider de leur avenir. D’ici, notre tâche est d’abord de soutenir les revendications élémentaires de tout peuple colonisé.
Établir des plans de paix en dehors des sociétés concernées est une habitude coloniale : dans le contexte des discussions sur le « conflit israélo-palestinien », le débat classique repose sur l’alternative d’une solution « à un État ou deux États ». Souvent, ces débats ont lieu sur les plateaux télé sans jamais donner la parole aux PalestinienNEs — une tradition notamment en France.
Centralité des voix palestiniennes
La voix des PalestinienNEs doit donc être centrale dans cette discussion. Et pour qu’elle ait lieu et pour développer un projet d’émancipation, il faut mettre fin à la colonisation, à l’apartheid et au génocide. Il faut également permettre aux réfugiéEs de pouvoir revenir. Ce sont des préalables à tout questionnement politique sur les institutions. Contrairement à la reconnaissance du statu quo, cela correspond à la justice et aux revendications élémentaires de tout peuple colonisé.
Ensuite, il revient aux PalestinienNEs de décider de leur destin, et non aux chancelleries occidentales, surtout pas à un État génocidaire, ethno-racial et suprémaciste. Nous devons donc défendre un projet d’émancipation pour toustes, et non l’existence d’un État raciste et colonial. Il faut donc d’abord reconnaître que les personnes qui vivent et grandissent en Palestine sont Palestiniennes, qu’elles soient juives, chrétiennes ou musulmanes. Il s’agit d’un projet national palestinien pour toustes dans toute la Palestine historique.
Il n’y a déjà qu’un seul État
Il semble donc raisonnable de revendiquer un seul État palestinien démocratique qui ne mette aucune religion en avant. En pratique, l’État d’Israël est déjà un seul État : les seules revendications, c’est qu’il soit une réelle démocratie pour tous les gens qui y vivent, en acceptant le droit au retour de celles et ceux qui en ont été chassés, ainsi que de leurs enfants et petits-enfants. Une personne, une voix. Celles et ceux qui accepteront d’arrêter d’être des colons pourront rester, et celles et ceux qui ne le voudront plus seront libres de partir.
Les travaux sur cette question, qui ont rassemblé PalestinienNEs et IsraélienNEs, mettent en avant la possibilité soit d’un modèle binational, dans lequel existerait une relative autonomie des communautés avec des institutions communes, au sein d’un même État, soit celui du modèle de l’État démocratique avec une citoyenneté unique. Quelles que soient les variantes entre ces deux modèles, cela implique nécessairement la fin du sionisme, en tant que recherche d’autodétermination exclusive par un projet d’épuration ethnique.
S’il doit y avoir une seule recommandation pour nous ici, en tant que révolutionnaires, c’est celle-ci : un peuple palestinien de la mer au Jourdain.
Édouard Soulier et Sulalat