A l'initiative de Sortir du Colonialisme se sont tenues les 2 et 3 juillet au Centre Culturel Kurde les premières Rencontres Anticoloniales, sorte d'Université d'Eté autour de la thématique Colonialisme, continuité et rupture.
Réfléchir au sens et perspectives de l'engagement mené depuis 6 ans par la Semaine Anticoloniale, envisager des réponses collectives aux interventions militaires françaises, islamophobie, xénophobie d'Etat, discriminations, apartheid social, autant de débats sur lesquels identifier nos différences pour définir nos convergences.
Ces journées interrogent le mouvement sur le nouvel ordre colonial, non pour figer une ligne de l'anticolonialisme, mais pour construire des liens avec l'antiracisme et l'altermondialisme.
Les débats ont tourné autour de la décolonisation des imaginaires, de la dimension culturelle et linguistique du phénomène et des nouvelles formes à combattre, comme la recolonisation des terres. Les Révolutions du monde arabe ont évidemment été au coeur des échanges, avec la dénonciation des mécanismes coloniaux et de la dette.
Les interventions d'Alain Ruscio, lauréat 2011 du prix du livre anticolonial pour «Y'a bon les colonies?» et de Niels Anderson, membre du Conseil scientifique d'ATTAC ont été brillantes, enthousiasmantes et intelligentes.
Plusieurs idées ont émergé à l'issue de ce week end fructueux: élaboration d'une Charte de l'Anticolonialisme, travail en commun avec le collectif D'ailleurs Nous Sommes d'Ici (projet de manifestation le 10 mars), célébration du cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie, en lien avec le Collectif du 17 Octobre, évocation brûlante de la question des disparus et assassinés autour de la figure emblématique de Maurice Audin, en écho avec les disparitions dans toutes les dictatures.
La journée du 8 mars sera l'occasion de lier féminisme et anticolonialisme.
Période forcément électorale oblige, l'interpellation des candidats à la présidentielle sur les thèmes anticoloniaux par un questionnaire à remplir et à éventuellement défendre lors d'un meeting est à l'étude, avec des points tels que l'autodétermination des peuples, le démantèlement des bases militaires françaises, la sortie de l'OTAN, les accords de coopération, la reconnaissance et dénonciation de crimes de guerre et crimes d'Etat, la rupture des accords d'association UE-Israël tant que les résolutions de l'ONU seront bafouées, etc.
Saut qualitatif et quantitatif, la Quinzaine Anticoloniale 2012 sera riche en évènements culturels (concerts, festivals dans les quartiers, projections de films) et militants.
Soyons nombreux/ses à y participer pour en faire un succès nécessaire.
Gisèle Felhendler