À Toulon le 9 novembre, le président Macron, dans son discours présentant la revue nationale stratégique, a officialisé la fin de Barkhane qui avait débuté neuf ans auparavant. Le bilan de cette opération peu élogieux pousse l’état-major français à réfléchir à une nouvelle politique d’engagement au Sahel.
La fin annoncée de l’opération Barkhane sanctionne son échec. Cette OPEX (opération extérieure) qui succédait à Serval au Mali et Épervier au Tchad avait pour but affiché d’éradiquer le terrorisme dans la zone sahélienne.
Un bilan globalement négatif
Au vu des premiers résultats, le nouvel objectif fixé s’est avéré moins ambitieux. Il s’agissait de contenir les attaques djihadistes et de protéger les populations. Le bilan que l’on peut tirer sur le terrain est une augmentation des attaques qui s’accompagne d’une crise humanitaire. Les djihadistes gagnent du terrain au point de contrôler 40 % du territoire du Burkina Faso et des régions entières dans le nord et le centre du Mali. Désormais, les offensives des groupes islamistes se propagent vers des pays côtiers jusque-là épargnés comme la Côte d’Ivoire, le Bénin ou le Togo.
L’incapacité de Barkhane à mettre un terme à l’insécurité dans les pays sahéliens, outre qu’elle a nourri des sentiments anti-français déjà largement développés au vu de la politique inique de la France sur le continent, signe un réajustement politique de l’intervention militaire de la France au Sahel.
Une nouvelle orientation ?
Qu’est ce qui change avec la fin de Barkhane ? À première vue pas grand-chose, puisque les troupes françaises, autour de 3 000 soldats, resteront toujours stationnées dans la région. Ils sont essentiellement présents au Tchad qui accueille aussi le centre de commandement, et dans une moindre mesure au Niger avec une « base aérienne projetée » et trois « groupements tactiques déserts ». Le champ d’action des troupes françaises déployées reste le même à l’exception du Mali.
Par contre le type d’engagement est voué à une évolution. L’état-major parle « [d’]une logique de co-construction » et de « conduire des missions de partenariat opérationnels de combat et de soutien à la demande des pays de la région ». Bref, du rôle de leadership dans la lutte contre le djihadisme armé, on passerait à un soutien aux armées locales. Une stratégie qui ressemble à celle développée en Afrique par Obama, se basant sur les concepts de « light footprint » (empreinte légère) et de « leading from behind » (leadership en retrait).
Barkhane a été utilisée contre les peuples. On se souvient de l’exfiltration du dictateur burkinabé Blaise Compaoré, suite à la révolution de 2014, permettant de le soustraire à la justice de son pays. Il y a eu l’intervention en février 2019 pour défendre Déby contre les rebelles de l’Union des forces de la résistance (UFR) qui n’avaient rien à voir avec les groupes djihadistes. Enfin, la répression sanglante causant trois morts au Niger lors de la manifestation à Téra contre le passage du convoi de Barkhane. La nouvelle orientation militaire préconisée continuera, sans nul doute, à s’exercer contre les populations en lutte. Le soutien de Macron à la dictature sanguinaire du fils Déby en est une tragique illustration.