Publié le Jeudi 15 avril 2010 à 16h56.

Solidaires… des banques

Les ministres des Finances des pays de la zone euro viennent d’adopter un plan dit de « solidarité » avec l’État grec. Le prêt assumé par l’ensemble des pays serait de 30 milliards d’euros à un taux – quand même – de 5 %. Le FMI devrait ajouter 15 milliards. Soit 45 milliards d’euros sur les 53 dont l’État grec aurait besoin en 2010 pour « financer » sa dette, c’est-à-dire pour assurer le paiement des intérêts qu’il doit aux banques. Pour trouver ce qui lui manque, l’État lance de nouveaux emprunts… auprès des banques.Les réticences des États européens et en particulier de l’Allemagne ont été vaincues par la menace de voir l’État grec ne plus être en mesure d’honorer sa dette et le risque d’une crise bancaire. La Bourse d’Athènes a chuté de plus de 3 %. Près de 10 milliards d’euros auraient été retirés des banques du pays en janvier et février. Il y avait donc urgence à – selon la langue de bois libérale – rassurer les marchés. L’Europe se porte garante que la dette sera honorée quoi qu’il arrive pour que les établissements financiers puissent encore spéculer en toute confiance en continuant de prêter à l’État grec à des taux de 7 %. Le ministre socialiste des Finances s’est d’ailleurs empressé de déclarer que son pays mettrait tout en œuvre pour éviter de faire appel à « l’aide » des États européens en empruntant sur les marchés. Lui aussi veut rassurer ces derniers en témoignant de sa bonne volonté à faire payer l’addition aux travailleurs et aux classes populaires, aux pauvres. Mais il apparaît de plus en plus évident que ce chiffon rouge de la dette que les classes dominantes et les politiciens à leur service agitent pour mieux piller et museler les classes populaires, n’est en rien une fatalité. Elle est le produit d’une politique de classe aux services des financiers et des spéculateurs. Et c’est bien avec cette politique qui livre l’argent public aux appétits des banques qu’il faut rompre en redonnant aux États la maîtrise de leur finance, en nationalisant les banques pour créer un service financier public sous le contrôle de la population. Yvan Lemaitre