Le 24 février, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin annonçait sa volonté d’engager une procédure de dissolution de deux organisations du mouvement de solidarité avec la Palestine : le Comité action Palestine (CAP) à Bordeaux et Palestine Vaincra à Toulouse. Une nouvelle étape dans le cours liberticide-autoritaire du gouvernement Macron. Mais aussi un gage donné aux plus fervents partisans, en France, de l’État colonial d’Israël.
« À la demande du Président de la République, je vais demander la dissolution du collectif "Palestine Vaincra", et du "Comité Action Palestine", pour appel à la haine, à la violence et à la discrimination et provocation à des actes terroristes. » Ainsi s’est exprimé le ministre de l’Intérieur, le 24 février, sur Twitter, sans évidemment avancer le moindre argument pour justifier les accusations portées contre les deux collectifs. Mais Gérald-ça-va-bien-se-passer-Darmanin n’a pas besoin d’argumenter, il lui suffit de donner de coups de menton et de se livrer ensuite, avec l’arrogance qui le caractérise, aux plus scandaleux des amalgames.
Amnesty International également dans le viseur ?
Ainsi, soutenir le droit à la résistance, y compris armée, du peuple palestinien face à la guerre coloniale de l’État d’Israël, serait un « appel à la violence », voire une « provocation à des actes terroristes ». Qui plus est, la dénonciation des crimes de l’État d’Israël et de ses pratiques discriminatoires systématisées serait un « appel à la haine »… antisémite. Et le lendemain, lors du dîner annuel du CRIF, c’est Aurore Bergé, figure de LREM, qui s’en prenait à Amnesty International, auteure d’un rapport dénonçant l’« apartheid » en Israël, accusant l’ONG de mener une « campagne scandaleuse » est appelant à la « démanteler ».
Le NPA est évidemment solidaire de Palestine Vaincra et du Comité action Palestine, quand bien même nous ne partagerions pas toutes leurs positions, face aux menaces de dissolution. Et s’il faut le répéter, nous le répétons : nous estimons nous aussi que les PalestinienEs ont le droit de se défendre, y compris militairement, face à l’occupation et à la colonisation israéliennes ; et depuis bien longtemps nous sommes de ceux qui considèrent que la politique israélienne est bel et bien une politique d’apartheid, au sens du droit international, c’est-à-dire des violences et des discriminations, systématiques et institutionnalisées, contre une partie de la population sur une base nationale, ethnique ou religieuse.
L’État d’Israël doit être isolé et sanctionné
Nous sommes solidaires de ces structures comme nous sommes solidaires de Nantes révoltée ou comme nous avons été au côté du CCIF face à la répression du ministère de l’Intérieur. Et au-delà, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer que, dans la foulée de ces annonces de procédures de dissolution, le Premier ministre Castex a fait des déclarations pour le moins scandaleuses lors du dîner du CRIF le 25 février, dénonçant lui aussi Amnesty International — sans la nommer — et reprenant la formule « Jérusalem capitale éternelle du peuple juif ». Au-delà de la fureur répressive de Macron, Darmanin et compagnie, il s’agit donc bien d’une offensive politique, qui s’inscrit dans la foulée des interdictions de manifester lors de la dernière guerre contre Gaza et des accusations intolérables formulées contre le mouvement de solidarité.
À l’heure où la guerre fait rage en Ukraine et où les responsables politiques rivalisent de formules sur les droits des peuples, l’opposition aux occupations militaire, et de propositions pour sanctionner la Russie de Poutine, nous le redisons : la politique coloniale de l’État d’Israël doit être combattue, les PalestinienEs doivent être soutenus dans leur juste lutte pour leurs droits légitimes, et l’État d’Israël, qui commet chaque jour des crimes de guerre au regard du droit international, doit être isolé et sanctionné. C’est tout le sens de la campagne BDS (boycott-désinvestissements-sanctions) auquel le NPA participe, et continuera de participer.