Lana, membre du Forum Palestine citoyenneté, a été une des animatrices du meeting-concert de l’intercollectif de soutien aux révolutions dans le monde arabe, organisé le 14 janvier à Paris pour célébrer l’anniversaire de la chute de Ben Ali.Peux-tu nous présenter ton association ?Forum Palestine citoyenneté est un groupe de Palestiniens qui a été créé en avril-mai 2011, à la suite d’une longue réflexion après le commencement des révolutions dans le monde arabe. Évidemment la révolution palestinienne est en marche depuis les années 1920 ; néanmoins nous voulons que notre lutte soit aussi une lutte sociale, une lutte pour les libertés (liberté d’expression, libertés individuelles), la démocratie et la justice sociale, car nous voulons que le futur État palestinien soit un État démocratique. C’est dans ce sens et dans ce contexte que nous avons fondé le forum.Nous nous mobilisons pour que tous les PalestinienNEs, notamment celles et ceux de la diaspora ou en exil, participent à la prise de toutes les décisions qui nous touchent au niveau politique, et que nous soyons représentéEs dans tous les organes qui représentent notre peuple.Nous revendiquons un État palestinien laïque et démocratique où tous les citoyenNEs sont égaux et égales, un État de droit, avec l’égalité hommes-femmes. Nous travaillons beaucoup pour parler de la femme palestinienne et relayer les campagnes que les associations et organisations pour les droits des femme mènent là-bas.Nous luttons pour : la fin de l’occupation et du système d’apartheid contre les Palestiniens de 1976 et 1948 (qui vivent dans un État dont le racisme est institutionnel), sur toute la terre de la Palestine historique ; le démantèlement de toutes les colonies et du mur d’apartheid ; le retour des réfugiEés palestinienNEs dans leur foyers d’origine, et la question de l’État. Nous pensons que la solution de deux États n’est plus valable ni réalisable. La solution idéale est un seul État, laïque, démocratique, pour touTEs ses citoyenNEs. Cependant, nous soutenons toute avancée sur la question et, si demain il y a un État Palestinien sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, vide de colonies et sans mur, nous ne nous y opposerons pas.Quel intérêt vois-tu à la volonté persistante de faire vivre l’intercollectif ?L’intercollectif est une instance d’échanges, de réflexion et de liaison entre différents collectifs nationaux et associations de solidarité avec les luttes des peuples du monde arabe, et des organisations politiques et syndicales françaises de gauche. Elle a été créée à Paris en mars 2011, pour accompagner des mouvements et pour développer un point de vue commun, conforme aux aspirations à la liberté, à la démocratie, à la justice sociale et à l’indépendance vis-à-vis des ingérences extérieures, aspirations qui s’expriment avec force dans la région.Quelles sont les faiblesses de cet l’intercollectif, et comment les surmonter ?L’intercollectif mène ses actions dans l’urgence. Vu la situation dans certains pays comme la Syrie par exemple, nous n’arrivons pas jusqu’à maintenant à prendre le temps de mener une réflexion profonde sur certaines questions, nous avons à peine commencé. Nous préparons une assemblée générale pour faire le bilan d’un an et nous débattrons d’un texte sur les sujets transversaux qui touchent toutes les sociétés : l’identité plurielle, la place de la religion et la question de laïcité, l’État de droit, la citoyenneté, quel modèle économique alternatif au libéralisme, le statut des femmes et l’égalité homme-femme...Il y avait au début un isolement de chaque collectif : pendant plus de 40 ans les dictateurs dans ces pays ont créé des frontières physiques et psychologiques entre les peuples. Aujourd’hui on commence à les démanteler, et on peut voir des composantes de peuples des pays arabes solidaires avec le peuple syrien, égyptien ou yéménite, et c’est grâce au travail collectif. Quelles prochaines échéances dans les actions de soutien à la lutte du peuple palestinien pourraient être reprises par l’intercollectif ?Le 30 mars, avec la journée de la terre, et le 15 mai. Je pense que nous pouvons mener une campagne pour la libération des prisonniers palestiniens et en même temps les prisonniers politiques dans les pays arabes.Comment le Forum Palestine citoyenneté envisage-t-il ses rapports avec les différentes organisations palestiniennes ?Nous voudrions bien sûr coopérer avec toutes les organisations palestiniennes qui ont les mêmes valeurs que les nôtres. Nous sommes indépendants politiquement, nous nous considérons comme partie prenante de la société civile palestinienne. Nous relayons aussi les revendications et les campagnes menées en Palestine et chez les réfugiéEs.Notre lutte est politique et nationale pour l’autodétermination, la libération de la Palestine et le retour des réfugiéEs, et une lutte pour un État de droit, de citoyenneté, l’égalité, le progrès social, et la justice sociale.Propos recueillis par Alain Pojolat