Les Artistes du Mouvement populaire sri-lankais décrivent le 9 juillet comme un jour historique où le peuple a choisi la démocratie plutôt que la dictature, et renouvellent leur appel à abolir la présidence exécutive. Voici leur déclaration complète.
Le 9 juillet 2022, plusieurs millions de Sri-Lankais de toutes les régions du pays ont convergé vers Colombo. Sans se laisser décourager par la grave pénurie de carburant et les sinistres efforts du gouvernement pour réduire les transports publics et privés, ils ont marché pendant des kilomètres, fait du stop, loué des camions, se sont entassés à bord des bus et des trains qui avaient accepté de les transporter, et se sont rendus dans la capitale.
Un jour historique
Ils sont venus manifester leur colère face à l’échec total du président Gotabhaya Rajapaksa et exiger sa démission, ainsi que celle du Premier ministre Ranil Wickremasinghe. Dans une démonstration sans précédent de courage et de détermination, les manifestants ont bravement fait face à une forte présence policière et militaire, ont résisté à de nombreux tirs de gaz lacrymogène et ont franchi les barricades et les obstacles pour occuper le palais présidentiel, le secrétariat présidentiel et Temple Trees [la résidence du Premier ministre].
Des manifestations ont également eu lieu simultanément dans de nombreuses autres régions du pays. Les Artistes du Mouvement populaire sont fiers d’avoir été aux côtés de millions de nos concitoyens en ce jour historique.
Face à ces protestations massives, les chefs des partis présents au Parlement se seraient réunis à l’invitation du président du Parlement et auraient lancé un appel à la démission du Président et du Premier ministre – et tous deux auraient exprimé leur « volonté » d’accepter les « recommandations » des chefs de partis.
Nous dénonçons cette démarche comme un effort opportuniste de la part des chefs de partis du Parlement – une institution qui a lamentablement échoué auprès du peuple de ce pays – pour voler la victoire de millions de nos citoyens. Nous ne devons jamais oublier que ce Parlement était pleinement fonctionnel alors que le Sri Lanka glissait inexorablement vers la faillite au fil des ans.
Ne pas se laisser confisquer la victoire
Les partis du Parlement n’ont rien fait pour mobiliser le peuple qu’ils prétendaient représenter afin d’empêcher l’effondrement inévitable de notre économie. Au lieu de cela, ils se sont engagés dans des heures et des heures de débats sans intérêt, d’invectives et de bla-bla, tout en utilisant Twitter et les autres réseaux sociaux pour améliorer leur propre image politique et celle de leur parti.
Ce que nous avons accompli le 9 juillet, grâce à un mouvement populaire non armé, non violent et démocratique, est sans précédent dans l’histoire de ce pays. Nous avons amené le Président tout-puissant au départ.
Cependant, les Artistes du Mouvement populaire sont fermement convaincus que la victoire ne peut être obtenue qu’en abolissant le bureau de la présidence exécutive lui-même. Avec les pouvoirs extraordinaires et sans entraves dont est investi le président exécutif, le Sri Lanka n’est rien d’autre qu’une dictature constitutionnelle.
La présidence exécutive est une malédiction pour notre peuple depuis 43 ans, depuis qu’elle a été introduite par J.R. Jayewardene en 1979. Ce n’est qu’en supprimant cette disposition dictatoriale que nous pourrons commencer à travailler sur une Constitution qui garantira une forme démocratique de gouvernement au Sri Lanka. Nous formerons une large coalition pour répondre à cette demande.