Publié le Mercredi 14 avril 2010 à 14h53.

Thaïlande : sanglante répression contre les chemises rouges....

Le pouvoir thaïlandais a noyé dans le sang la manifestation des chemises rouges pour la démocratie (21 morts, plus de 860 blessés). La Thaïlande vit un moment critique dans la lutte pour la justice sociale et la démocratie. Le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva vient de révéler sa véritable nature. Les deux séances de négociations avec les représentants des chemises rouges ont tourné court. Sous la pression de sa base électorale conservatrice, Abhisit refuse toujours de dissoudre l’Assemblée et de soumettre son parti, le Parti démocrate, au verdict des urnes. Pariant sur le délitement des manifestations des chemise rouges, le gouvernement et les élites qui le soutiennent ont dû déchanter. Depuis un mois, plusieurs dizaines de milliers de manifestants continuent de réclamer plus de justice et la démocratie. L’état d’urgence a été déclaré à Bangkok et dans les provinces avoisinantes. Pour « stopper la diffusion d’informations déformées », le gouvernement a fermé la chaîne de télévision PTV, très populaire parmi les chemises rouges, ainsi qu’une trentaine de sites Internet indépendants. Il n’a fait qu’attiser la colère des manifestants qui ont pris d’assaut le siège de Thaicom afin de rétablir le signal d’émission. Les mandats d’arrêt contre les principaux dirigeants des chemises rouges n’ont pas empêché les manifestants de braver les interdictions de rassemblement et de manifestations. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers les 9 et 10 avril dans les rues de Bangkok. C’en était trop pour le gouvernement, les militaires et les élites bureaucratiques qui refusent de lâcher une miette du pouvoir qu’ils accaparent depuis plusieurs décennies. Samedi 11 avril, les militaires ont férocement réprimé les manifestants désarmés, tirant dans certains cas à balles réelles selon de nombreux observateurs, faisant plus de 20 morts et 800 blessés, la plupart parmi les chemises rouges. Ce bilan est le pire qu’ait connu la Thaïlande depuis le coup d’État de 1992. Abhisit a présenté ses condoléances mais a justifié la répression et couvert les militaires.Malgré les moyens déployés, l’armée n’a pas été en mesure de faire reculer les manifestants et a dû se replier. L’avenir est très incertain, l’armée est divisée, de nombreux soldats éprouvant de la sympathie pour les chemises rouges. Cela conduit les cadres de l’armée a organiser une chasse aux sorcières contre les soldats « pastèques », verts à l’extérieur comme leurs uniformes mais rouges à l’intérieur.De nouvelles tentatives de répression pourraient conduire à des émeutes d’une toute autre ampleur et aux conséquences imprévisibles. Les jours d’Abhisit comme Premier ministre pourraient être comptés si l’armée et les élites bureaucratiques qui l’ont mis en place trouvent une solution de remplacement. Un nouveau coup d’État militaire n’est pas à écarter. Reste l’inconnue majeure de la réaction du Palais. Le roi, malade, n’est plus en mesure d’intervenir comme par le passé pour tenter d’étouffer les protestations. Les membres de sa famille sont en proie à des luttes intestines pour la succession. Chaque prétendant a noué des alliances avec des fractions de l’armée et de la police, ce qui explique en partie les indécisions du gouvernement depuis un mois. Les chemise rouges réclament le rétablissement de la démocratie. Cela passe par la démission immédiate d’Abhisit qui a du sang sur les mains et la convocation de nouvelles  élections législatives. Le NPA est aux côtés de tous les travailleurs, paysans et pauvres de Thaïlande et soutient leur combat légitime pour la justice sociale et la démocratie. Danielle Sabai et Jean Sanuk