Publié le Mardi 6 octobre 2020 à 15h49.

Trump contracte le Covid, sa campagne est en crise

Les élections US et l’avenir du pays sont à nouveau en question. Tôt le matin du 2 octobre, Donald Trump a tweeté que lui et son épouse Melania avaient tous deux contracté le coronavirus.

Depuis lors, il a été révélé que d'autres, y compris le directeur du bureau présidentiel et le responsable de la campagne de Trump, avaient également été testés positifs pour le Covid, ainsi que d'autres personnes de son entourage. Trois sénateurs républicains sont également concernés.

Trump pris à son propre jeu

Les cas de la Maison Blanche et du Congrès semblent être le résultat d'événements politiques récents organisés par les Républicains, sans respecter les consignes sanitaires (distanciation, port du masque) alors que certains de ces évènements se sont déroulés à l'intérieur. Trump et les autres personnes testées positives devraient être mis en quarantaine pendant quatorze jours, ce qui ralentira la campagne du président. Trump, homme obèse de 74 ans, est dans une catégorie à haut risque avec une probabilité beaucoup plus élevée de maladie grave ou de décès. Ses médecins l'ont fait transporter à l'hôpital militaire Walter Reed où il a reçu un cocktail encore expérimental d'anticorps monoclonaux, ainsi que du Rendesevir, qui est devenu un traitement standard pour les cas graves de Covid. Au cours des derniers mois, Trump avait qualifié le coronavirus de canular, minimisé sa gravité, affirmant que ce n'était pas pire qu'un rhume ou la grippe. Il a constamment contredit les avertissements des responsables de la santé publique, suggéré des traitements dangereux et, non seulement il ne voulait pas porter de masque, mais il a découragé sa famille, ses amis et ses collègues, ainsi que ses millions de fidèles, de le porter. Lors du premier débat présidentiel quelques jours auparavant, il a tourné en dérision son opposant démocrate Joseph Biden pour avoir porté un masque. Pour beaucoup, la maladie du président semble être une justice poétique ou un châtiment divin, mais c’est simplement de la science : avec son refus de porter un masque et de la distanciation, il a attiré la maladie sur lui-même. Les premières réactions à ces événements suggèrent qu’ils contribueront à la spirale descendante continue de la campagne de Trump, qui a perdu des soutiens en raison de sa mauvaise gestion de la pandémie. Mais il est trop tôt pour dire avec certitude quel en sera l'effet.

L’élection la plus importante depuis les années 1930

Alors que Trump fait l'objet de reportages incessants, environ 800 ÉtatsunienEs meurent de la maladie chaque jour et 210 000 sont morts jusqu'à présent à cause de la mauvaise gestion du président, qui laisse les États-Unis avec des tests inadéquats, une recherche des contacts inefficace et aucune autorité pour assurer la quarantaine ou l'isolement des personnes touchées. Quelque 7,4 millions d'ÉtatsunienEs ont été diagnostiqués comme porteurEs de la maladie, mais peu, voire aucunE, recevront le type de soins que Trump reçoit des meilleurs médecins de l'un des principaux hôpitaux du pays. L'élection présidentielle, qui aura lieu le 3 novembre, sera la plus importante depuis les années 1930. Elle pourrait bien déterminer si la démocratie US – avec toutes ses limites – continue d'exister ou est remplacée par un gouvernement autoritaire, peut-être même par une forme de dictature. Au moment où Trump est tombé malade, la plupart des sondages montraient que Biden menait d'environ 10 points et, le 3 octobre, le Financial Times prévoyait que Biden remporterait la majorité du Collège électoral  : il serait aujourd’hui quasiment assuré de 279 grands électeurs contre 125 à Trump (il en faut 270 pour gagner l’élection).

Mais gagner les votes pourrait ne pas suffire à porter sans encombre Biden à la Maison Blanche, d’autant que le décompte des voix peut être compliqué. Le président Donald Trump, autoritaire et raciste, a polarisé le pays, encourageant la croissance des mouvements nationalistes blancs militants qui incluent des organisations armées quasi-fascistes. Trump a déclaré qu'il n'accepterait pas nécessairement les résultats ; il essaiera de les contester devant les tribunaux ; et il est à craindre qu’il revendique de toute façon la victoire et utilise son autorité pour se maintenir dans ses fonctions. Tous les grands médias d’information et les réseaux sociaux discutent ouvertement de la possibilité que Trump refuse de quitter son bureau et d’abandonner le pouvoir. L’impact de la maladie de Trump sur les élections reste incertain. Quoi qu'il arrive, la gauche devra être sur ses gardes, prête à résister.

Traduction Henri Wilno