Publié le Mercredi 27 février 2019 à 11h24.

Trump ou l’hystérie réactionnaire des classes dominantes

Le président US, après un recul face aux Démocrates, est à l’offensive sur tous les fronts.

Fin janvier, face aux manifestations des employéEs fédéraux et à l’inquiétude du patronat et des Républicains eux-mêmes après 35 jours de shut­down, la fermeture d’une grande partie de l’administration fédérale, Trump avait dû reculer et trouver un accord à 1,4 milliard de dollars permettant de débloquer, jusqu’au 15 février, les budgets pour que les 800 000 fonctionnaires privés de salaire soient payés. Mais, refusant sa défaite devant les Démocrates, il vient de décréter l’état d’urgence pour pouvoir prélever sur le budget quelque 8 milliards de dollars pour construire son mur contre les migrantEs à la frontière mexicaine.  

Bataille politique et juridique

Cette bataille absurde mais surtout très réactionnaire est, pour Trump, décisive pour préparer la prochaine élection présidentielle, rallier son électorat, imposer aux Républicains sa férule et mettre les Démocrates à genou. Elle prend la forme d’une bataille politique et juridique qui va durer des mois.

Une coalition de seize États, menée par la Californie, a engagé une procédure judiciaire. « Nous attaquons le président Trump en justice afin de bloquer son utilisation abusive des pouvoirs présidentiels », a déclaré l’attorney general (ministre de la Justice) de Californie. Les États ne contestent pas le fond de sa politique, mais remettent en cause le caractère d’urgence de la situation en se fondant sur des données officielles qui disent que « les entrées illégales sont au plus bas depuis quarante-cinq ans » et que « le Département d’État reconnaît qu’aucune preuve crédible n’établit que les terroristes utilisent la frontière sud pour pénétrer aux États-Unis. Les données fédérales confirment que les immigrants ont moins tendance à commettre des crimes que les Américains nés dans le pays. » La plainte dénonce aussi le fait que le ministère de la Sécurité intérieure a enfreint la loi sur la protection de l’environnement en n’évaluant pas l’impact environnemental du mur en Californie et au Nouveau-Mexique.

Président Veto

La démarche est relayée à la Chambre des représentants par Nancy Pelosi et les Démocrates, qui ont déposé une résolution visant à annuler l’état d’urgence nationale. Signée par un élu républicain et plus de 225 parle­mentaires (sur 435), elle devrait être adoptée pour arriver ensuite au Sénat, contrôlé par contre par les ­Républicains (53 sièges sur 100).

« Est-ce que je mettrai mon veto ? À 100 % », rétorque Trump. Seule une majorité des deux tiers dans les deux chambres pourrait l’en empêcher. Mais le coût politique pourrait être lourd avant l’élection présidentielle, obsession de Trump.

Cette obsession électorale explique les volte-face à propos de la Syrie et de la lutte contre Daesh : après avoir annoncé le retrait des troupes US, Trump vient de décider finalement le maintien d’environ 200 soldats en Syrie. Comme il veut aussi être le président qui aura fait ou voulu faire la paix avec la Corée du Nord de Kim Jong-un.

La campagne de Trump, c’est également l’offensive contre le Vénézuela et Maduro, qualifié de « marionnette cubaine », pour proclamer que « les jours du communisme étaient comptés au Venezuela, mais aussi au Nicaragua et à Cuba » et que « l’Amérique ne sera jamais un pays socialiste ».

Tout va bien, Wall Street est repartie à la hausse et la Chine prend le temps de négocier… Pendant ce temps, les classes populaires subissent un capitalisme de plus en plus agressif, une dictature sans pitié des classes riches à laquelle participe l’establishment démocrate et qui n’a d’autre réponse que… le socialisme.

Yvan Lemaitre