Avec les vacances, le virus et les confinements, les choses sont calmes dans les rues. Nous sommes en pause. Mais ce n’est que momentané.
Au moment où ces lignes sont écrites (le 3 janvier), un enregistrement sensationnel vient de sortir dans les médias : pendant une heure entière le président Trump peut être entendu faisant pression et menaçant même le secrétaire d'État républicain de l’État de Georgie, Brad Raffensperger, pour qu’il « trouve » les 11780 voix dont Trump aurait besoin pour être déclaré vainqueur de Joseph Biden dans l’État. Raffensperger a dit non à Trump.
Contestation sans précédent
Dans le même temps, une douzaine de sénateurs ont annoncé que, le 6 janvier, lors d'une session conjointe des deux chambres du Congrès américain, ils tenteront d'annuler l'élection présidentielle en refusant de certifier le vote du collège électoral. Les républicains de la Chambre des représentants s'y opposeront également. Le vice-président Mike Pence, qui présidera la session conjointe des deux assemblées, a indiqué son soutien à cette tentative. Les Démocrates affirment que tout cela est une opération publicitaire et que Biden sera confirmé par une majorité de Démocrates et de Républicains et deviendra donc président, mais il s'agit néanmoins d'une remise en cause directe de l'élection et du système juridique américain. Trump a aussi appelé ses partisans à se rendre à Washington D.C. pour protester et certains d'entre eux ont dit qu'ils bloqueraient le Congrès pour empêcher la certification.
Le dépouillement et la certification du vote par une session conjointe des deux assemblées sont généralement une simple formalité. Une telle contestation est sans précédent. C'est le résultat du déferlement de tweets de Trump depuis l'élection du 3 novembre, diffusés par les médias de droite et affirmant que l'élection était frauduleuse, truquée pour lui refuser sa juste victoire. Un récent sondage a révélé que seulement 24% des Républicains pensent que Biden a remporté l'élection — ce qui signifie que 60 millions d’électeurs pensent que Trump a gagné. C'est cette pression de la base de Trump qui explique cette tentative extraordinaire de dernier recours pour renverser les résultats des élections. Trump veut garder sa base mobilisée, certains politiciens républicains le veulent aussi, mais cela pourrait entraîner des manifestations de masse et des flambées de violence.
Pendant ce temps, la crise sanitaire et économique continue
La composition du Sénat était encore en question alors qu’étaient attendus le résultat des deux scrutins cruciaux en Georgie le 5 janvier qui détermineront le contrôle du Sénat. Les Démocrates votent massivement et les Républicains ont font campagne, mais comme Trump dit que les élections sont truquées que feront les électeurs républicains ? Si les deux Démocrates remportent les deux sièges, le Sénat sera divisé : 50 Républicains contre 50 Démocrates (Bernie Sanders, inscrit comme indépendant, vote avec les démocrates.) Le vice-président, qui préside le Sénat et émet le vote décisif en cas d’égalité, est actuellement Pence ; mais si l'élection présidentielle est certifiée comme prévu, alors Kamala Harris occupera cette position décisive. Mais, si les Démocrates perdent l'une ou l'autre des deux élections, le Sénat restera aux mains des Républicains, ce qui rendra difficile l’adoption des projets présentés par Biden.
Pendant ce temps, la crise sanitaire et économique continue de s’aggraver. Il y a maintenant 350 000 morts du Covid. Les hôpitaux de Californie sont débordés et certains autres États sont au bord du gouffre. De nombreux États continuent à ordonner des confinements, à fermer des entreprises et des écoles, mais les efforts désordonnées ne sont que partiellement efficaces. Seules quelques millions ont été vaccinées.
La lutte va reprendre
Le Congrès a adopté (avec le soutien tant des Démocrates que des Républicains) un plan de soutien de 900 milliards de dollars, mais avec un soutien réduit aux chômeurEs : un paiement direct unique de seulement 600 dollars et des indemnités de chômage supplémentaires hebdomadaires réduites de 600 dollars à 300 dollars jusqu'à la mi-mars. Trump s’est d’abord opposé à ce plan en réclamant 2000 dollars pour le paiement direct. Les démocrates Nancy Pelosi (présidente de la Chambre) et Charles Schumer (leader des démocrates au Sénat), ont alors également plaidé pour augmenter les paiements directs à 2000 dollars, et les Démocrates l'ont adopté à la Chambre, mais les Républicains l'ont bloqué au Sénat. Étonnamment, Trump, Pelosi, Schumer et Bernie Sanders se sont retrouvés momentanément « alliés » contre les sénateurs républicains qui rejetaient la demande de Trump.
À partir du 3 janvier avec le nouveau Congrès et le 20 janvier avec le nouveau président, reprendra vraiment la lutte pour un plus grand soutien du gouvernement aux millions de personnes dans le besoin.
Traduction Henri Wilno