Malgré un bilan désastreux le président sortant Tshisekedi, en jouant sur la fibre patriotique contre le Rwanda, a remporté les élections contestées par une opposition divisée.
Score écrasant pour le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, qui recueille près de 73 % des voix, loin devant Moïse Katumbi qui en obtient 18 %. Martin Fayulu, considéré par beaucoup comme le gagnant des élections de 2018, obtient un peu plus de 5 %. Le score des autres candidats, comme Denis Mukwege, n’atteint pas les 1 %.
Victoire électorale contestable
L’opposition proteste et parle de simulacre d’élections. Le scrutin qui concerne aussi les élections provinciales législatives et municipales a été chaotique. Près de 8 000 incidents ont été enregistrés par l’Église catholique et protestante qui a déployé des milliers d’observateurs. Leur rapport indique qu’un candidat, qu’elle ne nomme pas, a largement dépassé la majorité des voix. Cela donne du crédit à la victoire du président sortant même si son résultat a dû être largement gonflé par les fraudes.
La politique répressive de Tshisekedi lors des élections et l’utilisation des moyens étatiques pour mener sa campagne lui a permis d’occuper largement le terrain, relayé quotidiennement par les médias gouvernementaux.
Il a su aussi étoffer, au fil de son mandat, le camp présidentiel en nommant deux vice-Premiers ministres : Vital Kamerhe, très implanté à l’Est du pays et coupable de corruption, et Jean-Pierre Bemba, notable de la province de l’Équateur dont la milice fut impliquée dans les crimes de guerre en Centrafrique.
Félix Tshisekedi a réussi un tour de force. Utiliser son échec sur les questions sécuritaires dans l’Est du pays en focalisant les critiques sur le dirigeant rwandais Paul Kagamé, soutien de la milice armée M23 qui terrorise les populations du Kivu. En centrant sa campagne sur ce thème, il a bénéficié des sentiments patriotiques des CongolaisEs.
Les égos personnels de l’opposition
En bon politicien, le président sortant a profité du débat récurrent sur la « congolité » pour discréditer son principal challenger Moïse Katumbi au motif qu’il ne serait pas un vrai congolais du fait de la nationalité grecque de son père. Autre candidat victime des propos xénophobes, Denis Mukwege. Il est accusé d’être le candidat de l’étranger car adoubé par les Occidentaux en recevant le prix Nobel de la paix pour ses actions continues en faveur des femmes victimes des violences sexuelles des milices armées.
Avec pléthore de candidats à l’élection présidentielle aux égos bien portants, une absence de vrai programme politique, les oppositions ont été incapables de présenter une alternative à un Tshisekedi dont le bilan est pourtant peu reluisant.
Désormais, le nouveau vainqueur a les mains libres pour intensifier la répression politique, voire utiliser la question de la « congolité » pour promouvoir un changement de Constitution. Ce qui lui permettrait de briguer un troisième mandat en imitant la plupart de ses collègues potentats du continent.