Les saigneurs du monde se sont mis d’accord à Deauville à l’occasion du G8.Intitulée « un nouvel élan pour la liberté et la démocratie », la déclaration finale du G8 de Deauville, avec ses 93 articles, vise à renforcer les pouvoirs économiques, commerciaux, technologiques, politiques et militaires des huit saigneurs du monde. Les principales annonces ne peuvent qu’inquiéter derrière un fond de teint étincelant aux élans démocratiques et pacifistes. Comme à l’issue de chaque sommet du G8, il y a une mesure phare. Cette année c’est la proposition très médiatisée d’une aide de 40 milliards de dollars à la Tunisie et à l’Égypte. À y regarder de plus près, il s’agit en fait d’imposer le Fonds monétaire international (FMI), ses recettes néolibérales et ses plans d’austérité sociale, via les prêts accordés à ces deux pays.
Par rapport aux enjeux de l’heure, la déclaration finale aborde de multiples thématiques.S’agissant de la catastrophe nucléaire de Fukushima ou des 25 ans de Tchernobyl, l’enseignement n’est nullement la transition énergétique avec notamment la sortie du nucléaire mais « la sûreté nucléaire, qui doit être une des priorités de l’action du G8 ». Une priorité ? Les pays lançant ou renforçant des programmes nucléaires n’ont pas de quoi s’inquiéter, il leur est juste « recommandé » de renforcer le dispositif de sûreté nucléaire sous l’égide de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), organisation liée à l’ONU, très contestée par les antinucléaires pour ses nombreuses erreurs et parce que sa fonction principale est bel et bien d’encourager l’utilisation de l’énergie atomique.
En pleine crise globale, le G8 réaffirme « son soutien de longue date aux marchés libres et ouverts » et fait de l’OMC « un élément essentiel du système multilatéral mondial. » La libéralisation du commerce est la doctrine maîtresse, pourvu que les pays du G8 restent les mieux placés dans ce domaine. Le G8 se félicite aussi « des réformes structurelles pour soutenir la croissance » adoptées en Europe, qui ne sont que les mesures d’austérité mises en place en Europe et qui ne font qu’aggraver les conditions de vie des populations. Renforcer l’emprise sur l’Afrique
Cette année, l’Afrique était en tête d’affiche. Son partenariat avec le G8 était au centre des débats.Les chefs d’État d’Afrique du Sud, d’Algérie, d’Égypte, d’Éthiopie, du Nigeria et du Sénégal, ainsi que la commission de l’Union africaine participaient au sommet. Une déclaration conjointe G8/Afrique intitulée « des valeurs communes et des responsabilités partagées » a été rédigée. Entre autres, à l’ordre du jour, la situation de pays non invités comme la Côte d’Ivoire, le Soudan, la Somalie avec toujours le même leitmotiv, la poursuite de la présence militaire impérialiste présentée comme un « plan d’action du G8 pour renforcer les capacités africaines de maintien de la paix ». Le prétexte est la lutte contre le terrorisme, contre le trafic de drogue et la piraterie somalienne, l’enjeu réel est la question économique et l’appropriation des ressources naturelles extractives.
Le modèle du tout à l’exportation est décliné prétendument pour amplifier l’intégration commerciale du continent aux réseaux mondiaux mais aussi pour promouvoir le commerce intra-africain. Sont proposées l’amélioration de couloirs commerciaux financés par la banque multilatérale de développement et l’aide publique au développement (ADP), c’est-à-dire par le moyen de dons et de prêts qui accentuent les rapports de dépendance avec les pays du G8. Les objectifs du G8 sont donc opposés aux intérêts des peuples et il n’y a rien à attendre du G20 qui voudrait s’imposer comme un nouveau directoire mondial plus légitime et plus représentatif. Comme pour le G8, la mobilisation doit être au rendez-vous à Cannes du 31 octobre au 4 novembre 2011 dans le Sommet des peuples contre le G20. Il faudra faire converger les soulèvements dans les pays arabes, en Espagne et partout dans le monde pour dire ensemble qu’au Sud, comme au Nord, nous ne payerons pas leurs crises !
Flavia Verri