L’État de Géorgie a inculpé 61 militantEs de Defend the Atlanta Forest — accusant 42 d’entre eux d’être des terroristes nationaux — dans le cadre d’une association de malfaiteurs anarchistes.
Elles et ils sont notamment accusés de s’être livrés à des actes de vandalisme contre des biens privés, à des incendies criminels, à la destruction de biens publics, à des attaques contre des travailleurs des services publics, contre les forces de l’ordre, contre de simples citoyens et à des actes de violence avec des armes à feu. Le Fonds de solidarité d’Atlanta qui lui est lié est également accusé de blanchiment d’argent et de fraude caritative.
Une attaque sans précédent contre le mouvement social
Le Racketeer Influence Corrupt Organization Act (ou RICO) de Géorgie est un instrument juridique particulièrement puissant qui s’inspire de la loi fédérale RICO, conçue à l’origine pour s’attaquer à des organisations telles que la mafia. Alors que la Géorgie utilise fréquemment la RICO pour s’en prendre à des organisations criminelles, notamment en inculpant récemment l’ancien président Donald Trump pour avoir tenté de voler l’élection en 2000, son utilisation contre un mouvement social est sans précédent et constitue une menace pour tous les activistes en Géorgie et ailleurs.
Defend the Atlanta Forest, également connu sous le nom de Stop Cop City, est un mouvement très diversifié qui rassemble les opposants à la construction d’un centre de formation à la sécurité publique à Atlanta destiné à former la police et les pompiers. Les participants sont des écologistes et des défenseurs des droits des animaux qui veulent sauver les 33 hectares de la South River Forest, des militantEs indigènes, des opposantEs aux prisons et à la police, et des militantEs antiracistes. Bien que l’organisation ne se définisse pas comme anarchiste, de nombreux membres du groupe sont des anarchistes et des socialistes qui soutiennent l’action directe non violente pour arrêter la construction. Des biens ont certes été détruits et il y a eu des confrontations violentes avec la police. Mais certaines des personnes inculpées dans le cadre de la conspiration ne sont accusées d’aucun crime spécifique et, en vertu de la loi RICO, elles n’ont pas à l’être.
Une suite militante de Black Lives Matter
Le mouvement Stop Cop City trouve son origine dans les manifestations nationales de Black Lives Matter contre le meurtre par la police de George Floyd à Minneapolis le 26 mai 2020. Puis, le 12 juin 2020, la police d’Atlanta a abattu un homme noir du nom de Rayshard Brooks. Il dormait dans sa voiture sur le parking d’un restaurant Wendy’s lorsque la police est arrivée et a tenté de lui faire subir un alcootest. Il s’est débattu et a tenté de s’enfuir, il a alors été assassiné par la police. Les militantEs locaux ont exigé le désinvestissement de la police et le financement des services sociaux, mais la ville a décidé de construire le centre de formation, d’une valeur de 90 millions de dollars, dans la forêt qui servait de zone de loisirs à la communauté noire voisine. Alors que le mouvement Defend the Atlanta Forest se développait et commençait à pratiquer la désobéissance civile, la police d’Atlanta a sévi et a tiré mortellement sur le défenseur de la forêt Manuel Esteban Paez Terán, un immigrant vénézuélien connu sous le nom de « Tortuguita », qui était assis et avait les mains en l’air. Il est le premier militant écologiste à avoir été abattu par la police aux États-Unis.
Condamnation de l’action directe
L’acte d’accusation de 109 pages contient de longues discussions sur l’anarchisme et l’entraide et condamne l’action directe. Il confond également les actes du gang de rue Blood, qui s’est livré à des fusillades ayant entraîné la mort d’un enfant de 8 ans, avec les activités de Stop Cop City.
Les organisations de défense des droits civiques ont fait valoir que la répression sévère du département de la police d’Atlanta a violé les droits à la liberté d’expression des militantEs du mouvement et a eu pour but d’étouffer les protestations sociales. « Nous sommes extrêmement préoccupés par ce recours d’une ampleur stupéfiante et sans précédent aux lois sur le terrorisme d’État, la lutte contre le racket et le blanchiment d’argent à l’encontre des manifestants », a déclaré Aamra Ahmad, avocat principal du projet de sécurité nationale de l’American Civil Liberties Union.
Le mouvement Stop Cop City n’a pas été découragé. Depuis l’inculpation, certainEs de ses militantEs se sont enchaînés aux bulldozers pour arrêter la construction. CertainEs habitantEs d’Atlanta ont également fait circuler une pétition demandant un référendum sur la construction du centre de formation. La lutte se poursuit dans les rues, dans les forêts et maintenant devant les tribunaux.
(Traduit par la rédaction)