Dimanche 25 octobre s’est déroulé, dans le quartier 23 de Enero, l’un des plus pauvres de Caracas, le premier referendum contre les bases US et contre le coup d’Etat au Honduras.
Suite àl’annonce d’un pacte, signé par les Etats-Unis et la Colombie, permettant l’installation de sept bases US en Colombie, le président bolivien, Evo Morales, a lancé un appel à un référendum populaire continental, afin que la population se prononce sur la politique impérialisme nord-américaine. Le président du Venezuela, Hugo Chavez, considère que ce pacte, dont les détails sont secrets, représente une attaque «contre les présidents et les mouvements sociaux révolutionnaires en Amérique latine » et qu’il servira à des opérations militaires contre le Venezuela menées depuis le sol colombien.
Prenant au mot le président bolivien, les groupes sociaux et politiques du quartier du 23 de Enero, quartier historiquement très militant, ont organisé une consultation avec l'intention de promouvoir la mobilisation des peuples contre l’offensive nord-américaine. «Pour les États-Unis, l’Amérique latine n'est pas un ensemble de nations indépendantes, mais un terrain à coloniser militairement pour profiter de la grande quantité de ressources naturelles dont elle dispose», explique Juan, l’un des organisateurs de la consultation. Et quand on lui demande pourquoi le referendum, mêle à la fois les bases américaines et le coup d’État au Honduras, Juan répond: «Parce que cela fait partie d’une seule et unique politique. Et cette consultation est aussi l’occasion pour nous d’envoyer nos salutations révolutionnaires en particulier à nos camarades de Colombie et du Honduras, de ces bastions de la résistance qui sont confrontés à des régimes fascistes.»
Pour Zulieka, autre dirigeante du quartier, «ce n’est pas seulement une invitation à voter. Cette consultation doit être prise dans le cadre de la lutte pour changer le monde, comme une étape dans la lutte pour abattre le capitalisme et sa politique de guerre et d'ingérence qui méprisent ouvertement la souveraineté des peuples».
Tous sont persuadés que derrière les événements du Honduras et la politique colombienne, se cache la même volontéd’en finir avec le processus bolivarien, le mauvais élève de la classe. Zulieka rajoute: «Ce que les États-Unis ne comprennent pas, c'est que les peuples du monde ont accumulé suffisamment d'expérience pour savoir que le capitalisme c’est l’exploitation, l'injustice, la faim, la répression et la misère. IL doit être vaincu si on veut que le monde soit sauvegardé. Il faut se rappeler la phrase prémonitoire Rosa Luxembourg, socialisme ou barbarie».
L’expérience est une réussite. Après six heures de vote, plus de 9000 personnes se sont exprimées auxquelles il faut y ajouter les 4000 qui ont voté par internet, le site web Aporrea ayant décidé de promouvoir le référendum. Au moment du comptage, les résultats sont sans surprise et affiche un 99% de contre. «Il faut maintenant maintenir cet état de mobilisation anti-impérialiste et répéter cette expérience à travers le pays et le continent», affirme Staline Pérez, dirigeant de Marea Socialista. Un appel à été lancé au sein de la principale centrale syndicale du pays, l’UNT, par Staline Pérez et par Marcela Maspero (dirigeante du courant CTR) pour « organiser des manifestations similaires dans les usines et lieux de travail ». Nul doute, qu’une telle initiative fera des émules.
De Caracas, Fernando Esteban