La réforme présentée par le gouvernement au début du mois, et qui sera discutée en conseil des ministres le 22 novembre, a d’ores et déjà beaucoup fait parler d’elle : entre les « fiches avenir » qui vont permettre aux lycées de donner leur avis sur les souhaits des élèves pour leur orientation, une sélection à l’entrée de l’université qui ne dit pas son nom, c’est bien un saut qualitatif dans les contre-réformes de l’université française que le gouvernement veut faire passer, y compris dans le domaine de la santé.
Tout d’abord, le projet de loi, paru dans la presse, acte des reculs dans la médecine préventive : auparavant, dans l’enseignement supérieur, le ministère de l’ESR, conjointement avec le ministère de la Santé, devait organiser des visites médicales et des dépistages obligatoires pour les étudiantEs. Dans le projet gouvernemental, c’est tout l’aspect de prévention et de dépistage qui disparaît, obligeant les étudiantEs à prendre cela en charge eux-mêmes.
Ces contre-réformes, qui vont à l’encontre des quelques dispositifs de prévention et de dépistage pour les jeunes, vont aggraver la situation et n’arrangeront en rien la lutte contre les IST, notamment le sida. Entre 2007 et 2016, le nombre de découvertes de séropositivité avait déjà augmenté de 24 %, et toutes les associations dénonçaient le manque de moyens, et notamment le manque de pédagogie dans l’éducation. Au nom des économies à faire, le gouvernement met donc encore plus en danger la santé des étudiantEs.
Les mutuelles privées en embuscade
Mais ce n’est pas tout ; une des mesures phares de la réforme est la fin de la spécificité du régime social étudiant, et sa complète dissolution dans le régime général de la Sécurité sociale. Si le fait d’intégrer le régime étudiant dans le régime général n’est pas en soi un recul pour les étudiantEs, le fait que ces derniers ne pourront plus peser sur le mode de fonctionnement de leur système de santé est un recul important socialement. C’est un recul non seulement parce que les étudiantEs n’auront plus leur mot à dire sur leur régime d’indemnisation, mais aussi parce que cela va ouvrir un peu plus le « marché » de la santé des étudiantEs aux mutuelles privées. Si jusqu’à aujourd’hui les mutuelles (comme la LMDE) qui s’occupaient du régime général et donc, pour beaucoup d’étudiantEs, du régime complémentaire, n’étaient pas des assureurs privés, elles vont désormais subir la concurrence « libre et non faussée » des géants du système qui vont vouloir investir massivement ce marché très lucratif. L’ouverture de ce nouveau marché pour des mastodontes comme Axa est un véritable cadeau de l’ancien banquier Macron aux capitalistes, qui va augmenter encore plus le coût de la santé pour les étudiantEs.
En 2015, unE étudiantE sur deux avait « plutôt tendance à attendre que les choses passent » au lieu d’aller voir un médecin. En 2017, unE étudiantE sur trois avait déjà renoncé à des soins. Remboursements qui prennent du temps, systèmes opaques : ces problèmes ne vont pas se résoudre par l’absorption dans le régime général. Par ailleurs, auparavant les mutuelles remboursaient tous les moyens contraceptifs (de la pilule aux préservatifs), ainsi que les tests de grossesse : qu’en sera-t-il avec le passage à la Sécu ?
Le gouvernement démontre chaque jour son caractère antisocial, pour les travailleurEs comme les étudiantEs. Le 16 novembre, puis le 22 novembre les étudiantEs sont appelés à descendre dans la rue. Des occasions de remettre en cause les volontés de ce gouvernement au service du CAC40.
Arthur (comité Paris I)