Les organisations de jeunesse avaient lancé pour le jeudi 9 mars un appel à manifester contre la réforme des retraites. Dès mardi, plusieurs dizaines de facs et d’écoles étaient bloquées ainsi qu’environ 300 lycées. Adèle, Alex et Mathieu, en lycée ou à la fac à Toulouse, reviennent sur ces derniers jours et résument les enjeux du mouvement.
Comment se sont déroulés le 7, 8 et 9 mars sur vos établissements ?
Nous avions réussi à contourner les fermetures administratives et cours à distance que les présidences mettent tout de suite en place dès que l’on parle blocage. Au Mirail ou à Sciences-Po, on a organisé des opérations « facs ouvertes » ou des « occupations actives », avec différentes activités proposées pour mobiliser les étudiantEs : conférences de présentation du 8 mars avec l’impact de la réforme sur les femmes, ateliers pancartes, débrayages, cantine solidaire, concerts, projections de films en lien avec le contexte social. À Sciences-Po, cela a très bien fonctionné : l’assemblée générale est passée en deux jours de 90 à 150, ouvrant de riches discussions et regroupant pas mal de monde en manifestations. Au Mirail, la mobilisation est restée très modeste mais est à améliorer, à poursuivre.
Et sur les lycées ?
Il y a eu quelques blocages sur trois ou quatre établissements mais la structuration est difficile entre établissements mobilisés et en leur sein. Aux Arènes où j’étudie, par exemple, on va régulièrement en manifestation dans le cortège jeune avec des camarades et on essaye de regrouper et de politiser autour d’ateliers banderoles ou pancartes. Mais mardi matin a eu lieu un blocage du lycée sans que les diverses personnes qui se mobilisent se tiennent au courant, et les initiatives reposent sur quelques personnes. La peur de rater des cours et son bac, ou simplement la pression parentale, peut dissuader d’aller en manif et se mobiliser. L’enjeu est bien de rassurer, de créer du lien et de convaincre plus largement de rejoindre le mouvement pour plus d’efficacité.
Quels sont les débats qui animent les jeunes autour de vous ?
La forme qu’a prise la mobilisation à Sciences-Po permet d’avoir discussions et AG pour construire le mouvement social. En revanche, dans la plupart des établissements, il n’y a pas d’AG, donc pas de débats ou bien avec des participations assez modestes, même si la volonté de s’opposer au projet de Macron est là.
L’enjeu est bien de continuer à mobiliser plus de personnes, à mettre en place des assemblée générales qui permettent de dépasser les simples aspects pratiques en ayant des discussions sur les retraites. Mais aussi sur notre avenir en général (urgence climatique, SNU, Parcoursup...), s’organiser ensemble.
Il nous faut mettre en place des actions qui répondent aux besoins immédiats des jeunes, comme des opérations cantines et Resto U gratuit qui permettraient de montrer nos revendications et de donner une image positive du mouvement. Il faut considérer les revendications de la jeunesse en tant que telles et pas seulement comme un soutien aux travailleurEs des secteurs les plus combatifs. Les étudiantEs ne sont pas seulement des travailleurEs en devenir. Rappelons-le, unE étudiantE sur deux travaille en parallèle des études.
Propos recueillis par Pauline et Dix