Hollande avait fait de la jeunesse la priorité de son quinquennat. On comprend mieux aujourd’hui ce qu’il entend par là...
Au lendemain du 12 avril, première manifestation progressiste contre ce gouvernement, il fuite dans les médias que le nouveau Premier ministre envisagerait de supprimer les APL (aides personnalisées au logement) pour les étudiantEs non boursiers. Les APL sont une aide essentielle pour les étudiantEs qui sont souvent obligés de quitter le domicile familial pour étudier. Le logement représentant la plus grosse dépense d’un étudiantE, et avoir 100 ou 200 euros d’aides permet tout simplement à la plupart des étudiantEs de pouvoir étudier. C’est aussi la seule aide dont un étudiant peut bénéficier sur la base de sa situation propre, contrairement aux bourses qui sont calculées par rapport à la situation de ses parents. Remettre en cause les APL, ce n’est pas un coup dur pour les classes moyennes, comme l’ont beaucoup dit les médias, c’est tout simplement empêcher des centaines de milliers de jeunes d’accéder aux études supérieures et à l’autonomie ! Sentant que cela ne passerait pas, le gouvernement a fini par annoncer qu’il ne toucherait pas aux APL des étudiantEs. Il faut dire que dès « l’annonce », toutes les organisations étudiantes, y compris celles réputées proches du Parti socialiste, avaient déclaré que si ce type de projet voyait le jour, ils n’hésiteraient pas à manifester et à mobiliser les étudiantEs.
Ballons d’essaiIl ne s’agit pas là d’un couac de communication au sein du gouvernement mais bel et bien d’une tentative de faire passer un projet que les gouvernements précédents ont aussi voulu mettre en œuvre : la suppression des APL. Depuis le discours d’investiture de Valls, plusieurs ballons d’essai ont été envoyés par le gouvernement concernant la jeunesse, comme celui du Smic jeunes. La semaine dernière, Pierre Gattaz avait déclaré qu’il était favorable à l’idée d’un Smic jeunes. C’est également l’idée que défendent les trois économistes libéraux qui ont déjeuné avec Hollande à l’Élysée cette même semaine. Sûrement une coïncidence... Une autre idée circule aussi dans les couloirs de Matignon : augmenter les frais d’inscription à l’entrée de l’université (actuellement à 400 euros). Comme les deux exemples précédents, il s’agit d’attaques qui reviennent régulièrement, quel que soit le gouvernement, pour une politique qui revient à dire que les jeunes seraient un poids pour la société. Pourtant, ces trois mesures – APL, Smic jeunes et augmentation des frais de scolarité – sont celles qui sont le plus rejetées par les jeunes et leurs organisations, car elles représentent l’instauration d’une inégalité profonde entre eux et le reste de la société. Elles ont d’ailleurs souvent été le motif de grands mouvements de la jeunesse. Les derniers modèles de Smic jeunes (CIP en 1994 et CPE en 2006) ont donné lieu à de grandes grèves de la jeunesse bousculant les gouvernements qui voulaient les appliquer. Le gouvernement Valls a pour l’instant réfuté qu’il envisageait ces mesures. Il nous teste... alors soyons à la hauteur !
Mina Deneuf