Publié le Mardi 19 décembre 2017 à 14h47.

À l’Université du Mirail, on relève la tête face à la fusion et à la sélection

Cela fait maintenant plus d'un an que les universités de Toulouse ont perdu le financement IDEX (initiative d'excellence) supposé récompenser les meilleurs projets de formation et de recherche. La direction de l’Université Toulouse-Jean Jaurès/Mirail (UT2J) semble désormais prête à tout pour récupérer cette subvention de plusieurs millions d'euros par an, attribuée par un jury international. 

La raison invoquée pour justifier le retrait du financement est que les établissements toulousains ne seraient pas assez « intégrés » : un projet de « gouvernance » pas assez ambitieux, ne permettant pas de constituer une université « de rang mondial ». Ces préconisations renvoient à la classification internationale des universités, établie chaque année, habituellement nommée « classement de Shanghai », dans lequel il n’est pas question de qualité de l'enseignement ni de pertinence des programmes de recherche au regard du développement général de la connaissance. Ainsi, les critères du classement, à la section « qualité de l’enseignement », ne font référence qu'au « nombre de prix Nobel et de médailles Fields parmi les anciens élèves »…

La communauté universitaire dit non

D’où le projet « UNITY 2018 », traduisant une volonté de fusion des universités toulousaines (UT2 et UT3) avec les écoles d’ingénieurs, pour reconquérir les financement perdus. Une nouvelle entité qui serait une machine à produire de la recherche d'excellence dans certains domaines de pointe, en faisant la part belle aux intérêts privés, avec le risque de créations de filières sélectives, de disparitions de filières, d'augmentation progressive des frais d’inscription.

Face à ce projet, une campagne de mobilisation a été enclenchée il y a près d'un an pour aboutir à un référendum qui s’est tenu les 6 et 7 décembre. Avec une réponse forte et incontestable : non à 95% chez les étudiantEs, avec 15% de participation (environ 6% lors des élections habituelles) et 62% chez les personnels (enseignants et non enseignants) pour 53% de participation.

Le président retourne sa veste

Le président de l’UT2J, Daniel Lacroix, élu sur la liste FSU opposée au projet de fusion, s’était engagé à respecter le résultat du référendum. Cela ne l’a pas empêché d’opérer un formidable retournement de veste lors du conseil d’administration (CA) du 12 décembre, où un vote sur « UNITY 2018 » était prévu.

Les usagers et les élus ont été informés la veille au soir que ce CA se tiendrait au rectorat, sous protection policière, et non sur le campus, afin d'éviter toute « perturbation ». Le vote s'est déroulé dans la précipitation, et bien loin de ce que prévoit le règlement : sans débats, sans passer par l’isoloir, l'ensemble des élus on été contraints de participer à cette mascarade à bulletin secret. Pour un résultat de 17 pour, 17 contre et une abstention ! Le président, légalement détenteur d'une voix prépondérante, a alors au CA qu'il avait voté pour : la fusion est « majoritaire ». 

Mobilisation générale

Lacroix s'est assis sur sa promesse – et sur la consultation dont il était lui même à l'origine. Sa majorité a d'ailleurs éclaté et il dirige désormais avec son opposition CFDT. Il apparaît que le projet, sans être porté par la communauté universitaire, l'est par des éléments qui lui sont extérieurs : entreprises et écoles dédiées à « l’excellence » se réjouissent déjà des débouchés que représente, pour elles, un pareil vote…

La suite immédiate de ces évènements : une intersyndicale réunie en urgence, des assemblées générales organisées, 300 personnels présents le mercredi 13, 600 étudiants le jeudi 14, des appels à la grève et l'organisation d'une assemblée générale commune le mercredi 20. Bref, la promesse que le calme ne reviendra qu'une fois que nous aurons été entendus : retrait du projet IDEX et démission de Daniel Lacroix et de son CA !

Yazil Bendaoud