Depuis plus d’une dizaine de jours, entraînés par le mouvement des Gilets jaunes, les lycéenEs sont rentrés massivement dans la bataille contre la politique du gouvernement de Macron.
À la pointe de la contestation, on retrouve la plupart du temps des lycées populaires : les filles et fils des Gilets jaunes ont souvent donné le signal de départ de la lutte. La mobilisation s’est depuis répandue comme une traînée de poudre dans des centaines de lycées, dont certains n’avaient connu aucun mouvement depuis des années. Les blocus, rassemblements et manifestations ont regroupé des milliers de lycéenEs dans la rue durant toute la semaine, et ce dans tout le pays.
La fièvre jaune est contagieuse !La colère des lycéenEs prend place dans une ambiance de lutte bien plus générale contre la politique du « président des riches ». Le mot d’ordre « Macron démission » est d’ailleurs repris devant les lycées, et quelques lycéenEs arborent même le gilet jaune. Le combat des Gilets jaunes contre les fins de mois impossibles est aussi celui d’une jeunesse révoltée contre la précarité et les inégalités. Comme le dit une lycéenne devant le lycée Romain-Rolland à Ivry-sur-Seine, « Pourquoi étudier si c’est pour ne pas avoir de travail plus tard ? » Sur les blocus, les lycéenEs dénoncent l’éducation au rabais qu’on leur offre : pourquoi supprimer des postes de professeurEs, de surveillantEs ou d’infirmières alors que les classes dépassent souvent déjà largement la trentaine d’élèves ? Ce manque de moyens pour l’éducation a les mêmes causes que les salaires et les retraites de misère : le fonctionnement d’un système qui profite toujours aux mêmes, au patronat et aux plus riches, au détriment des besoins de la grande majorité. Les lycéenEs mobilisés revendiquent aussi la suppression de Parcoursup et de la réforme du bac, mesures qui renforcent le tri social pour accéder aux études supérieures : les élèves de quartiers populaires qui n’auront pas fréquenté un lycée assez côté resteront sur le carreau.
Le gouvernement répond par la matraqueDevant ce mouvement massif qui se propage dans les lycées, le gouvernement a la même politique qu’envers les Gilets jaunes : une répression policière brutale. La vidéo de l’arrestation à Mantes-la-Jolie de plus d’une centaine de lycéenEs – forcés de rester agenouillés et mains sur la tête pendant des heures à l’instar de prisonniers de guerre – a choqué. Et c’est loin d’être un cas isolé, tant les cas de répression violente sont nombreux : présence agressive et jets de gaz lacrymogènes devant les portes des lycées, tirs au flashball sur des lycéenEs, provoquant des blessures graves (dans le Loiret, à Grenoble et à Garges-lès-Gonesse), des centaines d’interpellations… Manifester devient ainsi une « participation à un attroupement armé » occasionnant des mises en garde à vue. À Ivry-sur-Seine, des lycéenEs ont fait plus de trente heures de garde à vue pour avoir tagué « Macron démission » sur le panneau d’affichage du lycée ! Et si le gouvernement met en avant les débordements sur les blocus pour légitimer cette violence, c’est dans l’écrasante majorité des cas l’intervention et les provocations de la police qui mettent le feu aux poudres. Cette politique de la matraque vise à provoquer la peur afin que les lycéenEs renoncent à lutter. Mais ils et elles ne l’entendent pas de cette oreille et continuent à se mobiliser ! Face à cette politique, les lycéenEs, au côté de toutes celles et tous ceux qui aujourd’hui se mobilisent, ont tout intérêt à s’organiser et à se coordonner entre eux pour amplifier leur mouvement : cela sera la meilleure réponse à la répression qu’ils et elles subissent !
Boris Leto