Voilà donc Macron réélu. Sans guère d’adhésion de la part d’une jeunesse qui ne voulait pas de ce second tour, et dont une partie a voté à reculons contre Le Pen… tout en montrant à Macron qu’elle ne lui laisserait pas les mains libres ces cinq prochaines années.
Si le sentiment de se retrouver piégé par le second tour dépasse largement les jeunes, ils et elles ont cherché ces derniers jours le moyen d’exprimer à la fois le rejet de l’impasse électorale, et la volonté de se battre face au prochain quinquennat. C’est dans la rue que s’est manifestée cette résolution à se préparer aux prochaines attaques du gouvernement. Toute la semaine, lycéenEs et étudiantEs se sont organisés pour visibiliser leur lutte, se projeter devant les lycées mobilisés, débattre du sens de leur mouvement, porter leurs revendications (notamment la réouverture des facs et l’inscription des étudiantEs d’Ukraine) devant une réunion des présidences d’université, qui a vaillamment été annulée…
Le gouvernement redoute un mouvement
Il n’a même pas fallu attendre sa réélection pour qu’une partie de la jeunesse sorte dans la rue. Avant le second tour, la région parisienne (où les vacances scolaires commencent cette semaine) a vu se mobiliser des jeunes dégoûtés par ce duel électoral, qui ont exprimé leur colère par des rassemblements, des assemblées générales, des blocages de lycées qui se sont répétés toute la semaine… Leur mot d’ordre : « Ni Macron ni Le Pen… mais surtout pas Le Pen ! » De quoi susciter de nombreuses discussions politiques dans des AG où se mêlaient souvent lycéenEs et étudiantEs, décidés à faire barrage à la seconde, mais en lançant un avertissement à Macron. Lui-même a bien compris le risque de cette mobilisation qu’il a condamnée et tenté d’étouffer, en imposant à la plupart des universités parisiennes une fermeture administrative aussi chaotique qu’injustifiée. Apparemment, le gouvernement redoute un mouvement et cherche à réduire les risques en renvoyant les étudiantEs finir l’année universitaire à distance, avant le long tunnel des examens et de l’été. Une stratégie qui en dit long sur la crainte que lui inspire cette jeunesse remuante, qui s’est manifestée sous son premier quinquennat, et lui a déjà montré qu’elle ne le laisserait pas tranquille ! À moins de fermer les universités pendant les cinq ans à venir !
Dans la rue le 1er Mai
Car si la mobilisation est restée modeste, en raison notamment de ce « lock-out » universitaire absurde, elle n’en est pas moins enthousiasmante pour la suite. Loin de la démoralisation, c’est la détermination de ces étudiantEs et de ces lycéenEs qui a été remarquée, y compris dans les médias. Détermination à ne pas se laisser abattre, ni à se laisser endormir par de lointains rendez-vous électoraux. Ces jeunes qui pour la première fois ont fait l’expérience du piège et du chantage électoral ont retenu la leçon : comme le dit le slogan, ce n’est pas à l’Élysée ni à Matignon qu’ils obtiendront satisfaction ! Dimanche soir, des rassemblements de défiance à Macron ont émaillé toutes les grandes villes : une minorité combative de la jeunesse se prépare à la lutte. Et ça tombe bien, car à peine élu, Macron annonce déjà la couleur (réforme des retraites à coup de 49.3, conditionnement du RSA...).
Alors retrouvons-nous massivement dans la rue le 1er Mai et même avant, pour lui montrer que le troisième tour a d’ores et déjà commencé.