Publié le Jeudi 16 février 2012 à 19h59.

DAL, travailleurs sociaux, RESF même combat !

Malgré les grands discours et les lois comme celle sur le logement opposable, de nombreuses familles sont à la rue. Le DAL a installé six d’entre elles dans un local vide à Rouen. Quant à la mairie, elle ne veut reloger que les familles françaises. À Rouen, depuis mardi 17 janvier, le DAL (Droit au logement) a installé dans un local vide de l’avenue du Mont-Riboudet, six familles qui sont à la rue, avec des enfants ! Pour certaines d’entre elles, les pouvoirs publics ont été condamnés par la justice au nom de la loi Dalo (droit au logement opposable). Mercredi 26, un rassemblement à la préfecture dénonçait le désengagement de l’État concernant le logement social, les hébergements d’urgence et son non-respect des lois.

Le jour même, une des familles sans logement, une mère et ses deux enfants, était arrêtée par la PAF (police des airs et des frontières) et conduite immédiatement au Centre de rétention administrative (CRA) d’Oissel. Le lendemain matin des militantEs du DAL, de RESF, des enseignantEs des collèges où sont scolarisés les enfants, des travailleurs sociaux qui s’étaient occupés de la famille étaient devant le CRA pour accompagner celles et ceux qui voulaient rendre visite à la famille et pour dénoncer à la presse et à la télévision présentes cette ignominie. D’autant plus que cette famille faisait partie des cas qui devaient être discutés à la préfecture lors d’un rendez-vous prévu quelques jours avant ! Il y eut un bel élan de solidarité et vendredi 27 janvier lors de l’audience au tribunal administratif la salle était pleine. L’avocat a plaidé l’illégitimité de l’enfermement d’enfants au CRA, contraire à la Convention européenne des droits de l’homme et à l’arrêt Popov, qui avait précédemment jugé que les conditions d’enfermement au CRA d’Oissel étaient dégradantes et traumatisantes au regard des droits de l’enfant. Le tribunal a statué pour la libération de la maman et de ses deux enfants. Mais l’obligation de quitter le territoire court toujours et la famille est expulsable. La solidarité est donc toujours à l’œuvre.

Vendredi soir une centaine de manifestantEs à l’appel du DAL ont envahi le conseil municipal de Rouen pour exiger aussi de la mairie qu’elle prenne ses responsabilités et qu’elle ne laisse pas familles et enfants à la rue. Un rendez-vous a été pris avec les représentants de la mairie de Rouen pour lundi 30 janvier afin d’examiner des possibilités de relogement. Mais lundi, lorsque nous avons rencontré la maire de Rouen et des conseillers municipaux de différentes tendances politiques, il n’était plus question que d’un relogement pour une seule famille française sur les six. Pour les autres, étrangères, la mairie ne veut pas franchir le pas et s’opposer à la préfecture. Elles doivent d’abord être en règle sur le séjour, en attendant elles n’ont droit qu’au centre d’hébergement d’urgence saturé, donc c’est la rue, sauf quand il fait -5° et que les gymnases sont ouverts.

Le combat continue. Au même moment les travailleurs sociaux sont en lutte contre la restriction des budgets qui signifient des suppressions d’emplois, d’accompagnement aux personnes en grande difficulté et la fermeture de centres d’hébergement comme celui de la rue Maladrerie, programmée pour mars. Deux luttes qui se rejoignent et sont solidaires l’une de l’autre.

Correspondant local, Rouen