Publié le Samedi 28 septembre 2013 à 11h36.

Logement : un toit pour toutes et tous !

À la rue, faute de place dans un hébergement d’urgence : c’est ce que subissent des centaines de personnes en France, souvent des étrangerEs demandeurEs d’asile. À Saint-Denis, Caen et Clermont-Ferrand, la lutte s’organise.
À Saint-Denis, fin juin, à la suite de l’expulsion de leurs logements jugés insalubres, une cinquantaine de personnes se sont retrouvées à la rue (cf. Tout est à nous ! n°205).
À Caen, dès le mois de mai, des étrangerEs ont fait les frais de la baisse des crédits pour l’hébergement d’urgence en étant expulsés des hôtels. D’après la préfecture, le département serait trop « accueillant », il faudrait y mettre bon ordre car les crédits ne permettent pas de passer l’année ! Mi-juin, on comptait 75 expulsés, avec des enfants en bas âge, et la préfecture évoque 700 expulsions possibles.
À Clermont-Ferrand, début septembre, 362 personnes, dont 150 enfants, se sont retrouvés sans toit, le paiement des hôtels accueillant les personnes dans le cadre du 115 étant brutalement arrêté (cf. l’Anticapitaliste n°208). Ces exemples illustrent la réalité dramatique de la pénurie de moyens de l’hébergement d’urgence, alors que la demande s’accroît sans cesse.

Mobilisation
Dans ces trois villes, des mobilisations ont répondu aux expulsions. À Saint-Denis, les expulséEs se sont installéEs avec des tentes sur le parvis de l’hôtel de ville. À Caen, même démarche, avec un campement en plein centre ville, tout comme à Clermont-Ferrand.
Les pouvoirs publics invoquent le manque de crédits tandis que les élus se font remarquer... par leur silence assourdissant. Or, les solutions existent, comme la réquisition des logements vides. N’ignorant rien de la situation, le gouvernement vient de débloquer 107 millions d’euros « pour les départements où les problèmes sont les plus aigus ». Bien sûr, c’est le résultat des mobilisations, mais c’est insuffisant. D’autre part, ces millions vont continuer d’aller dans les poches des marchands de sommeil, tandis que les sans-toit ont besoin non d’une chambre d’hôtel mais d’un logement équipé pour vivre correctement.

Réquisition
Fin juin à Caen, le Collectif 14 pour le respect des droits des étrangers a décidé de soutenir la réquisition d’un centre d’hébergement inoccupé. Du coup, avec l’aide de militantEs de diverses composantes du collectif et de militants libertaires, plusieurs dizaines d’expulséEs du 115 ont passé trois mois logés... avant que la police ne les expulse à nouveau jeudi 20 septembre sur décision du tribunal. Le propriétaire du lieu, un bailleur « social », s’est empressé de murer l’accès du bâtiment. Mieux vaut un immeuble vide et muré qu’un immeuble occupé par des sans-logis !
À Clermont-Ferrand, la police est intervenue violemment contre les sans-toit qui avaient accepté la proposition de la mairie PS de rejoindre un gymnase dans l’attente d’un véritable logement. Ils en ont été expulsés vers un nouveau lieu où il n’y avait même pas un lit pour chaque personne. Quant aux familles Roms, elles ont été reléguées dans un camping, loin de tout soutien, et des écoles, à des kilomètres de la ville. Une honte !

Coordination
Autant dire que rien n’est réglé. À Caen, « l’assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions » qui s’est réunie tout au long de l’occupation cet été, lance un appel pour une rencontre nationale de tous les collectifs engagés dans des luttes pour le logement, afin de construire un rapport de forces national. Car la responsabilité du gouvernement est en cause. Il faut l’obliger à cesser les coupes dans les crédits, imposer la réquisition des logements vides non proposés à la location par les propriétaires ou proposés à des prix exorbitants, ainsi que les immeubles des marchands de sommeil. Une fois récupérés et rénovés, ces logements doivent être gérés par des offices municipaux sous le contrôle des habitants.
Ce sont les étrangerEs qui payent au prix fort les restrictions sur les crédits. Pour elles et pour eux, Valls vaut bien ses prédécesseurs. Leurs droits restent piétinés. En même temps qu’un logement, il faut exiger des papiers pour tous.
Nul doute que les luttes pour le droit au logement et à l’hébergement d’urgence vont se poursuivre, ville après ville. Il est temps de construire une riposte nationale aux expulsions en coordonnant ces luttes.