Publié le Vendredi 17 juin 2016 à 08h27.

Saint-Denis (93) : Après le drame, des questions... et des responsables ?

Lundi 6 juin 2016, le feu ravageait en quelques heures un immeuble de 17 logements, rue Paul-Eluard....

Deux personnes ont sauté par les fenêtres, d’autres se tenaient avec les enfants aux fenêtres pour respirer dans l’attente des secours. L’intervention des pompiers n’a pu sauver tous les habitantEs des derniers étages avant que les plafonds ne s’effondrent. Bilan : 5 mortEs, dont une mère et ses trois enfants, et 11 blesséEs, dont deux graves.

Tous le voisinage et au-delà a été secoué par ce tragique événement. Le lendemain, un hommage spontané au pied de l’immeuble était organisé par des associations (DAL, RSL,COPROlibres) et qui a réuni des habitantEs du quartier, du tissu associatif dyonisien, ainsi que de nombreux jeunes collégiens et lycéens. C’est de ces derniers qu’a émané l’appel à une marche blanche pour rendre hommage aux disparuEs le dimanche 12 juin 2016.

Un drame, deux problèmes

Immédiatement, c’est l’urgence de l’accueil de toutes les personnes qui viennent de subir un traumatisme de cette ampleur et la mise en œuvre de moyens conséquents. Ce qui signifie une action concerté de tous les pouvoirs publics – ville, Conseil général, État – et la réquisition immédiate d’un lieu unique. Cela aurait permis aux familles de rester ensemble, l’organisation d’ un soutien psychologique digne de ce nom, la possibilité d’ une solidarité active de la part de la population. Au lieu de cela, et compte tenu de la pénurie de lieu d’hébergement aggravée par la pression de l’Euro de football, la ville a « bricolé » ce qu’elle a pu dans une certaine opacité, excluant de toute prise en charge des personnes sans papiers en situation de squat. Les familles ont été dispatchées, renvoyées pour une partie d’entre elles à des solutions individuelles. Pour d’autres, elles sont « aidées » à faire valoir des nuits d’hôtel par les assurances, avec tout le dérisoire de ce type de solution (quelques nuits, et après ?).

Problème de fond, la persistance d’un habitat insalubre et dangereux – près de 40 % des immeubles du centre ville de Saint-Denis – et sa gestion par la ville. Si les causes de cette insalubrité sont multiples, la certitude est que cela fait le jeu des marchands de sommeil, exploiteurs de la misère, et d’une spéculation immobilière éhonté qui s’intéresse d’autant moins au facteur humain que l’appât du gain et du profit grandit avec la réalisation future du Grand Paris.

Dans les deux jours qui ont suivi, deux autres incendies se déclaraient à Saint-Denis : l’un près de la Porte de Paris, rue Gabriel Péri, l’autre rue Denfert-Rochereau. Heureusement, il n’y eu pas de morts, mais encore des familles renvoyées à la précarité des hébergements d’urgence.

Correspondante