Publié le Mercredi 21 septembre 2011 à 19h25.

Affaire DSK : aux côtés de toutes les femmes victimes de violence

15 millions de téléspectateurs pour un numéro réglé comme du papier à musique, et l’objet du scandale serait simplement un rapport sexuel ayant eu lieu hors des liens sacrés du mariage. Rapports de pouvoir, violence, tout cela est balayé d’un revers de main. DSK s’excuse, auprès de sa femme qu’il a trompée, des Français dont il ne pourra être le président. Et c’est tout.

Pour le reste, c’est lui la victime. On l’a attaqué, piétiné, humilié. Et il a tant perdu.

On l’a décrit comme un prédateur sexuel. Sa défense sur ce point est énigmatique. Il récuse le portrait tout en reconnaissant une part de responsabilité. Et il s’en tient au minimum syndical : il a du respect pour les femmes. Nous voilà rassurées !

La pirouette finale semble un coup de maître : du ton courroucé de l’homme révolté contre la folie de la machine judiciaire, du ton ému du chaud lapin repenti, on passe au ton docte de l’expert économique. La réhabilitation est donc effective, le voilà rétabli dans ses prérogatives.

Sauf que… Les 24 minutes généreusement accordées à DSK n’ont pas permis de répondre aux questions qui se posaient. En effet, ce qui a été établi de la vie de Nafissatou Diallo avant les faits, les contradictions de ses témoignages, constituent un opportun paravent derrière lequel s’abriter. Il est commode d’oublier qu’on peut mentir pour diverses raisons, notamment lorsque l’on est en situation irrégulière et qu’on a subi des violences dans son pays d’origine. Il est commode d’oublier que les contradictions dans les témoignages sont monnaie courante en cas de viol. Et DSK n’a-t-il pas menti ?

N’a-t-il pas commencé par nier qu’il y ait eu un rapport sexuel ?

Les deux questions qui valent restent entières. Peu nous importent les frasques de DSK. En matière de sexualité, point de normes, dès lors qu’elle se déroule entre adultes consentants. Mais que s’est-il passé dans la suite du Sofitel ? Et comment DSK, sortant nu de la douche, est-il parvenu à convaincre en sept minutes une salariée de l’hôtel de succomber à ses charmes et de consentir à un rapport sexuel ?

Plus que jamais, en féministes, notre solidarité va à Nafissatou Diallo, empêchée de faire valoir le viol dont elle dit avoir été victime, et de toutes les femmes victimes de violence.

Ingrid Hayes