La direction de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) vient d’annoncer qu’elle envisageait la réouverture du centre IVG de l’hôpital Tenon (Paris 20e), fermé en juillet 2009. C’est le résultat de seize mois de lutte, pendant lesquels le Collectif pour la réouverture du centre IVG de Tenon a multiplié les initiatives – tracts, pétition, manifestations locales, occupation de la maternité de l’hôpital… –, en faisant connaître son combat au niveau parisien et même national.Ce collectif intègre l’association Droits des femmes du 20e, les deux principaux syndicats de l’hôpital (SUD et CGT) ainsi que les partis de gauche de l’arrondissement – NPA, PG, PCF, Verts et même PS. Toutes ces forces avaient d’emblée décidé de mettre de côté leurs divergences afin de se concentrer, au sein du collectif, sur l’objectif commun et unique de la réouverture du centre d’IVG. En même temps, les militantes animant cette campagne savaient qu’elle s’inscrivait dans le cadre général de la lutte contre la politique gouvernementale de destruction de l’hôpital public. C’est pourquoi elles se sont efforcées de coordonner l’action avec les hôpitaux de l’Est parisien. Aux manifestations de 2009 (de Trousseau à Tenon) et 2010 (de Tenon à Saint-Antoine) participaient des syndicats de salariés de Tenon, Trousseau, des Bluets et de Saint-Antoine.Mais n’oublions pas non plus l’autre facteur qui a joué en notre faveur : la grève exemplaire des personnels de Tenon, au dernier trimestre 2010, en lutte pendant douze semaines pour leurs revendications. Le collectif a régulièrement participé aux piquets de grève, distributions de tracts et manifestations des salariés. Le point d’orgue a été une réunion appelée par Mme Calandra, maire PS du 20e, pour présenter à la population les projets à venir concernant Tenon. Le collectif et les travailleurs de l’hôpital ont alors envahi la mairie, transformant ce qui se voulait une présentation triomphale des « succès » et de « l’efficacité » d’un « pôle hospitalier d’excellence » en une assemblée ouverte dans laquelle salariés et usagers ont exposé la réalité de la contre-réforme hospitalière, avec son cortège de souffrances et d’injustices.Sans doute l’annonce de réouverture a-t-elle aussi quelque chose à voir avec une conjoncture qui va devenir… pré-électorale. L’exigence portée par le collectif était devenue une sorte de point de fixation, gênant pour le ministère mais aussi pour la majorité union de la gauche de la ville de Paris. Cependant, la déclaration de l’AP-HP citée dans le Parisien du 14 janvier reste on ne peut plus vague : « une étude sur la réouverture est en cours. Avant de faire une annonce définitive, nous devons d’abord savoir exactement quels moyens pourront y être affectés. » Pas question donc de baisser les bras. Lors de sa dernière réunion, le collectif, tout en se réjouissant de cette première victoire, a décidé de poursuivre la mobilisation pour obtenir l’ouverture effective à Tenon d’un véritable centre IVG.Virginia de la Siega