Publié le Mercredi 29 janvier 2014 à 17h17.

Jour de haine

La manifestation de dimanche dernier, dite « jour de colère », qui a rassemblé deux ou trois dizaines de milliers de personnes à Paris montre qu’un mouvement radical de droite se structure. Dans le prolongement de la « manif pour tous » s’opère le regroupement des franges les plus réactionnaires qui contestent non seulement le gouvernement mais aussi la mollesse des appareils de la droite traditionnelle, dépassée et incapable d’opposer à la dérive libérale de Hollande autre chose qu’une surenchère hésitante. Même le FN, qui cherche à apparaître respectable à l’approche des élections municipales et qui est pourtant annoncé premier parti aux européennes par les sondages, n’aura pas appelé à ce rassemblement où se retrouve une partie de son électorat.

Mêlant dans une même protestation racisme, antisémitisme, islamophobie, homophobie, rejet de la fiscalité, conception rétrograde de l’éducation, de la famille, de l’identité et « liberté » d’entreprendre, ce jour de haine a amalgamé groupes catholiques intégristes, groupuscules fascistes, adeptes de Dieudonné et complotistes en tous genres. Après la manifestation contre l’IVG et avant celle contre le mariage pour tous, à quelques jours du 80e anniversaire du 6 février 34, ce mouvement confirme son caractère extra-parlementaire, sa volonté d’occuper la rue contre un « pouvoir » associé à une gauche qu’il vomit, et ses velléités de dessiner un projet de société ultra-conservateur.Sa force repose sur l’incapacité pour le mouvement ouvrier de se mobiliser pour combattre aujourd’hui, y compris dans la rue, les mesures anti-ouvrières de ce gouvernement et d’opposer une alternative globale à la politique capitaliste à l’œuvre. Car si la bourgeoisie n’a pas besoin aujourd’hui d’avoir recours au fascisme pour mener son offensive contre les classes populaires, le développement d’une importante mouvance de droite extrême et fascisante à côté d’un FN entre 20 et 25 % représente une menace pour celles et ceux qui contestent l’ordre établi. Regrouper à gauche de ce gouvernement, reconstruire un mouvement social combatif, porteur d’un projet de transformation écosocialiste de la société n’en devient que plus urgent.

Côme Pierron