Un fait dramatique […] mais je rappelle que c’est après un refus d’obtempérer », a déclaré le préfet Nuñez venu soutenir les policiers du commissariat de La Courneuve. Donc, un jeune de 18 ans tué, un autre de 19 ans blessé : circulez, il n’y a rien à voir ! Voilà de quoi alimenter la colère des jeunes de leur quartier qui s’est exprimée dimanche soir, en ciblant le commissariat. Et il y a de quoi être en colère !
Le député d’Aubervilliers a fait le décompte morbide : 16 jeunes tués dans des courses-poursuites en un an et demi après un refus d’obtempérer. Impossible de parler d’événement dramatique, voire d’accident ! C’est un fonctionnement de la police qui fait système ! D’ailleurs, le préfet Nuñez confirme que c’est bien la consigne qu’il donne personnellement aux policiers, contrevenant par là même à la note règlementaire qui stipule que des poursuites doivent être soumises à un « nécessaire discernement ». Mais cette note est contestée par les syndicats de police et par la droite et l’extrême droite, et le préfet s’exécute. Il délivre ainsi un permis de tuer induisant que les jeunes qui tentent d’éviter un contrôle policier sont de dangereux délinquants.
Car, bien sûr, il n’est pas question pour eux d’interroger les raisons des jeunes de vouloir éviter autant que possible les contacts avec la police. Pas question non plus d’évoquer l’attitude de la police qui considère les quartiers, comme la cité des 4 000 où vivaient Wanys et son ami, comme des zones de non-droit, et tous les habitantEs, jeunes garçons et hommes racisés surtout, comme des menaces potentielles dans l’espace public. Contrôles, humiliations, racisme, amendes à répétition1, coups, procès-verbaux infondés, gardes à vue et poursuites judiciaires, tout est permis pour les maîtriser, les discipliner, les briser… jusqu’à les tuer dans des courses-poursuites absurdes du point de vue de la réalité judiciaire. Dans des villes sous vidéosurveillance, il devrait être possible de retrouver un scooter qui aurait commis une infraction. Et c’est d’ailleurs la vidéo-surveillance qui, une fois de plus, prouve que ces jeunes n’étaient pas des dangers mais étaient mis en danger, jusqu’à en mourir.
Pour Éric Ciotti, « la République ne peut plus reculer, la sanction doit être implacable ». Et le préfet de sortir les blindés, les CRS, les gendarmes. L’injustice, elle, ne recule pas et elle conduit à la révolte… Le NPA présente ses condoléances à la famille et aux proches de Wanys. Le NPA réclame justice et vérité pour Wanys et toutes les autres victimes des courses-poursuites qu’il faut interdire !