L'avant-projet de loi sur l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe, tel que La Vie, un hebdomadaire chrétien, vient de le révéler constitue une réponse très en deçà des attentes du mouvement LGBTI. On sent nettement le poids du conformisme dans le PS et la pression effrénée de l’église catholique.
Si le projet de loi inclut bien l’accès au mariage pour les couples de même sexe, les simples formulations font état de l'inertie de la classe politique vis-à-vis de toute remise en cause de la binarité de genre : mention est encore faite du "sexe", en lieu et place des "personnes", et les lesbiennes y deviennent des "époux".
La loi de 66, qui régit la procédure d'adoption, n'est en rien remise en cause. Sa principale ineptie demeure : ne peuvent adopter que les couples mariés et les personnes célibataires.
La présomption de paternité ne sera vraisemblablement pas transformée en "présomption de parenté" : donner de fait au / à la conjointE du parent biologique le statut d' "autre parent" reste un privilège réservé aux seules unions hétérosexuelles.
Ensuite, l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les lesbiennes n’est toujours pas à l’ordre du jour. Pourtant les femmes mariées hétérosexuelles ont accès, et cette extension faisait partie des promesses présidentielles du PS.
Enfin, le projet de loi prévoit que pour avoir accès au mariage en France, les partenaires de même sexe étrangerEs doivent y avoir également accès dans leur pays d'origine. Disposition spécifiques aux étrangerEs et difficilement compréhensible...
Toutes ces limites, ainsi que la différence de discours en fonction du type de quotidien auquel le gouvernement s'adresse, montre que le gouvernement prend au sérieux la hiérarchie catholique, ainsi que la visée opportuniste de la modification de loi, qui vise plus faire oublier la politique économique d'Hollande que l'égalité des droits.
L'absence de concertation, par la Chancellerie, des associations LGBT en lutte pour leurs droits, le rétropédalage opéré par le gouvernement, au mépris des engagements de campagne, associé aux prises de position, par la ministre des Droits des Femmes, en charge de la lutte contre les discriminations, visant à minimiser les propos homophobes d'un Barbarin déchaîné, ne présagent rien de positif quand à l'égalité des droits entre homosexuelLEs et hétérosexuelLEs...
Nous exigeons, pour les couples de même sexe, mariés ou non, les mêmes droits dont le plein accès à l’adoption et à la PMA, et la féminisation des termes employés pour désigner les parties d’un couple.
Montreuil, le 25 septembre 2012