Publié le Jeudi 12 septembre 2024 à 13h00.

7 septembre : un premier pas

Annoncée fin août, au moment de l’insupportable suspense concernant la nomination du Premier ministre, à l’initiative de deux organisations de jeunesse (l’Union Étudiante et l’Union syndicale lycéenne), les manifestations du 7 septembre paraissaient peu motivantes.

Au sortir du long tunnel des Jeux olympiques et paralympiques, la rentrée sociale semblait plutôt tiède. Rapidement, La France insoumise appelait l’ensemble des organisations syndicales, politiques associations ayant soutenu le Nouveau Front populaire à rejoindre la manifestation. 

De la question démocratique aux revendications du NFP

Oscillant entre la campagne pour la destitution de Macron et la dénonciation du refus de Macron de nommer un Premier ministre du NFP, la dynamique peinait à s’enclencher. L’ajout des revendications issues du programme du NFP (le smic à 1 600 euros, le blocage des prix, la retraite à 60 ans, la lutte contre le racisme, l’école gratuite, la reconnaissance de l’État de Palestine) encourageait l’engagement des organisations politiques ayant soutenu le NFP… à l’exception du Parti socialiste. Du côté des organisations syndicales, sans appeler explicitement, la CGT, la FSU et Solidaires encourageaient leurs militantEs à y participer, pendant que la CGC, la CFTC, la CFDT et FO refusaient considérant, avec des nuances, que cela sortait du registre syndical. Au total, nombre de structures locales ou fédérales de la CGT, de Solidaires et de la FSU appelaient à l’initiative et de nombreux militantEs syndicalistes ont évidemment participé aux manifestations.

Une nomination mobilisatrice

L’annonce de la nomination de Michel Barnier le 5 septembre, ancré bien à droite, a donné une impulsion significative à la mobilisation. Avec plus de 130 manifestations et près de 200 000 manifestantEs, cette journée marque dès début septembre, une résistance assez dynamique à Macron et à ses manœuvres. Ainsi le mouvement gazeux LFI a de nouveau montré une réelle capacité à organiser nationalement, significativement, une journée de mobilisation. Le soutien de nombre de structures syndicales apporte une contribution modeste mais essentielle au regard des potentialités du mouvement syndical exprimées dans la mobilisation contre la réforme des retraites. Les manifestations ont rassemblé beaucoup de jeunes, de femmes, de LGBTI, des militantEs de la solidarité internationale avec la Palestine et la Kanaky, établissant une convergence dans la rue contre toutes les dimensions de la politique menée par le gouvernement sortant et exprimant une défiance farouche envers le prochain. Malgré une faible volonté de construction à la base de structures « NFP », LFI reste ambigüe sur le fait de construire des mobilisations qui sortent du champ institutionnel.

Au-delà de la journée d’action prévue notamment dans l’Éducation nationale le 10 septembre, la journée intersyndicale du 1er octobre devrait être l’occasion de rompre les isolements délibérés, les sectarismes, pour la construction d’une mobilisation pouvant réellement peser sur le rapport de forces face au gouvernement et à l’extrême droite.

Robert Pelletier