Publié le Vendredi 21 juin 2013 à 11h04.

Assises du Front de gauche : débat et confusion

Les Assises initiées par le Front de gauche aurait réuni « plus de 2 500 militants syndicaux, politiques, associatifs et citoyens » selon l'Humanité. Cela dit, les lecteurs du journal n'auront pas la possibilité de connaître les positions défendues par les intervenantEs du NPA dans deux tables rondes et une des deux plénières…C'est une étrange conception du débat qui consiste à gommer les idées défendues par le seul courant politique invité qui ne se situait pas dans le cadre du changement de cap et proposait une autre perspective, celle d'une opposition de gauche au gouvernement.Les propos tenus par Jean-Luc Mélenchon expriment la confusion qui traversait les débats : « Nous voulons instituer une majorité alternative pour changer complètement de cap. La constituer, c'est possible, car elle existe déjà à l'Assemblée nationale. Pas un élu PS qui n'a été élu sans les voix du Front de gauche et celle des écologistes, et vice versa. C'est pour cela que cette majorité est à portée de main. » Pierre Laurent lui fait écho avec la foi du charbonnier : « Ma conviction, c'est que les forces existent pour sortir notre pays de l'austérité, pour construire les alternatives. Je suis persuadé, depuis l'année dernière, que ces forces sont majoritaires. »

Le changement ou l'impasse ?Les dirigeants du Front de gauche cherchent à convaincre leurs militants que le changement est à portée de main. Il suffirait de faire changer de cap la majorité actuelle, de lui donner un bon premier ministre et le tour serait joué ! C'est fermer les yeux sur la réalité des rapports de forces politiques. C'est le complément direct d'un bluff plus important qui laisse croire qu'il serait possible de changer les choses dans le cadre institutionnel : une 6e république qui naîtrait des flancs de la 5e ! À défaut de convaincre le PS, Pierre Laurent et Mélenchon se contentent de faire la cour à Marie-Noëlle Lienemann ou à EÉLV.Il est clair que cette politique ne peut conduire que dans une impasse. Construire une réelle alternative aux politiques d'austérité implique de se battre, de préparer l'affrontement avec le gouvernement, en premier lieu sur les retraites, agir comme une opposition déterminée, à gauche, une opposition pour imposer une autre politique, conquérir la démocratie et remettre en cause les pouvoirs de l'oligarchie financière. C'est cette politique que nous avons défendue pendant les Assises, c'est ce débat que nous voulons avoir avec les militantEs de la gauche politique et syndicale, avec les travailleurEs et les jeunes.

Yvan Lemaitre