Jeudi 6 avril, le mouvement de contestation de la réforme des retraites n’a pas faibli. Au sortir de la réunion du 5 avril avec l’intersyndicale, la Première ministre a affirmé sans ciller qu’elle n’envisageait pas « d’avancer sans les partenaires sociaux ».
Une argutie qui semble avoir valu à Élisabeth Borne une discorde avec le chef de l’État, mais qui lui sert aussi à construire le combat idéologique. Car le pouvoir tremble.
Retranchement et contre-attaque antidémocratique
Macron se retranche derrière sa légitimité de président élu : « Qu’un président élu, avec une majorité élue, certes relative, cherche à mener un projet qui a été porté démocratiquement, ça ne s’appelle pas une crise démocratique », défendait-il depuis la Chine en réponse à Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. Avant d’ajouter avec la morgue qu’on lui connaît que « si les gens voulaient la retraite à 60 ans, ce n’était pas moi qu’il fallait élire comme président de la République ».
De son côté le lieutenant de la Macronie, après ses mensonges à propos des armes de guerre utilisées à Sainte-Soline, contre-attaque. Ainsi, Darmanin a défendu le 5 avril sa politique de maintien de l’ordre à l’Assemblée nationale et au Sénat devant lequel il a menacé de supprimer les subventions à la Ligue des droits de l’homme (LDH). Vieille de 125 ans, la LDH n’avait jamais été attaquée ainsi depuis le régime de Vichy. En donnant des gages à la droite et l’extrême droite, le pouvoir se protège contre les travailleurEs en lutte… quitte à ouvrir la voie à l’extrême droite, qu’il préférera toujours au mouvement ouvrier.
Port du matricule RIO et BRAV-M
Le pouvoir tremble, s’abrite et utilise tous les moyens à son service pour retoquer tous les recours institutionnels engagés ces derniers jours contre sa politique de répression et ses errements. Ainsi, le Conseil d’État — saisi en urgence le 29 mars par l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Syndicat des avocats de France et le Syndicat de la magistrature — n’a pas jugé nécessaire d’exiger du ministère de l’Intérieur qu’il renforce l’obligation du port du RIO (référentiel des identités et de l’organisation, un numéro d’identification individuel pour les policiers et gendarmes).
Même sort pour la pétition lancée via l’Assemblée nationale en faveur de la suppression de la BRAV-M et qui, en 12 jours, avait reçu plus de 260 000 signatures. Rien ne justifiait de la classer dès le 5 avril quand elle était ouverte jusqu’au 15 juin 2027, sinon le besoin de faire taire une fois de plus la contestation, fût-elle très institutionnelle. Ainsi, les errements deviennent des politiques bien conscientes : le pouvoir s’arme avec l’aide des députés et des sénateurs du centre, de la droite et de l’extrême droite.
Maintien de l’ordre… capitaliste
Le pouvoir se défend. L’État préserve les banques, les riches et les actionnaires. Le maintien de l’ordre, c’est celui de l’ordre des capitalistes. Pour certains, la démocratie s’arrête là où commence leurs intérêts et ceux de leurs amis.
Il s’agit désormais non seulement de faire reculer le pouvoir sur sa contre-réforme mais aussi de lui imposer nos politiques, celles des premierEs de corvée, qui produisent les richesses… et qu’il a décidé de faire taire. Nos grèves, nos actions, nos blocages, nos AG, nos discussions font bruisser dans le pays l’aspiration à la justice sociale et démocratique. Faisons de cette aspiration une force collective… capable de combattre la fureur de l’État ou celle de ses nervis, plus encore quand ils sont d’extrême droite.