Publié le Jeudi 28 février 2013 à 12h04.

Hollande : voyageur de commerce… en faillite

François Hollande est allé en Grèce le 19 février. D’un côté, il a prodigué la bonne parole, saluant les Grecs pour leurs efforts et leurs sacrifices, notant qu’ils étaient sur la bonne voie, et affirmant la solidarité de la France : « Je refuse une Europe qui condamnerait le pays à une austérité sans fin ». De l’autre, il a appelé cyniquement les patrons français à faire de bonnes affaires avec les privatisations en cours : « Les entreprises françaises doivent être présentes. »Après avoir énuméré les secteurs, « énergie, gestion de l’eau, transports et chemins de fer », les perspectives pétrolières en mer Égée ont été également évoquées. Total serait intéressé… L’Union européenne impose à la Grèce non seulement l’austérité, mais une restructuration globale de son économie et de la société : des règles du contrat de travail à la propriété des services publics.On mesure la déchéance de la social-démocratie à cette attitude d’un Président qui soutient les plans d’austérité à répétition imposée à la Grèce et incite les entreprises françaises à participer au dépeçage des services publics. Tout en assaisonnant le réel de quelques déclarations hypocrites.L’énergie commerciale de Hollande en Grèce, après celle récemment déployée dans son voyage en Inde, correspond à une pensée capitaliste primaire qui confond intérêts des entreprises et bien-être du pays. On croirait entendre le PDG de General Motors qui déclarait dans les années 50 : « ce qui est bon pour General Motors est bon pour les États-Unis ».Les trois visages de la misèrePendant que Hollande fait le représentant de commerce, la croissance s’effondre et le chômage progresse. Selon les dernières prévisions économiques de la Commission, après une croissance nulle en 2012, l’économie française stagnerait en 2013 (+ 0,1 %). Et le taux de chômage continuerait de progresser et passerait à 10,7 % en moyenne. La politique impulsée par Hollande et les autres dirigeants européens amène la perpétuation de la récession en 2013 (- 0,3 % pour la zone Euro). 32 000 emplois industriels ont été détruits en France en 2013 sur 68 000 destructions d’emplois au total. Malgré cet échec évident, Hollande et Ayrault persistent et signent : « Ce qui compte c’est la trajectoire. Nous allons la poursuivre. Nous allons dans la bonne direction », a déclaré Ayrault le 13 février.Ce modèle économique est soutenu par le capital mondialisé assoiffé de profit et détaché des territoires nationaux. Mais il conduit les peuples à la misère. Par ailleurs, dans la hiérarchie des puissances, le capitalisme français recule par rapport à d’autres pays, l’Allemagne au premier chef. Il y donc un lien entre les trois faces de Hollande : le voyageur de commerce en Inde et en Grèce, le chef de guerre au Mali et le défenseur de l’austérité en France. Il s’agit d’une politique de soutien au capital français et à sa place dans le monde en panachant trois instruments : les mesures de restriction et de démantèlement des droits sociaux en France, la diplomatie économique et le déploiement militaire.Face à cette politique globale, dans les semaines qui viennent, il s’agira d’articuler les luttes dans les entreprises et l’éducation, la pression contre l’Accord national interprofessionnel et la dénonciation globale d’une action gouvernementale cynique et menteuse.Henri Wilno