Dans les jours qui ont suivi le meurtre de Nahel par un policier et la révolte de la jeunesse des quartiers populaires, la violence de la répression policière et judiciaire a été accompagnée d’une avalanche de déclarations de guerre contre les parents, c’est-à-dire contre la population de ces quartiers. « Il faut être présent, sinon on n’est pas parents » (Macron, 30 juin), « Les parents qui ne s’intéressent pas à leurs gamins et qui les laissent traîner la nuit en sachant où ils vont aller […], ils encourent deux ans de prison ferme et 30 000 euros d’amende » (Dupond-Moretti, 1er juillet), « on ne laissera rien passer » (E. Borne, 2 juillet), « Il faudrait qu’à la première infraction, on arrive à sanctionner financièrement et facilement les familles, une sorte de tarif minimum dès la première connerie » (Macron, 4 juillet).
Des propos inspirants pour la mairie du Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis. Thierry Meignen, membre du parti Libres de Valérie Pécresse, sénateur et principal animateur de la majorité municipale, livrait son analyse décomplexée : « J’en ai marre de cette poignée de petits connards qui ne sont pas tenus par leurs parents ». Et estimant les travaux de réhabilitation à 300 000 euros : « Je ne souhaite pas [que ces coûts] soient supportés par la population, ces gamins-là qui n’ont pas de cerveaux, ils paieront, les familles devront payer ». Et donc les enfants de ces familles seront excluEs « de toutes les organisations faites pour les enfants au moment des vacances d’été : centre de loisirs, départ en vacances avec la ville » et privés des « 3 000 billets d’accès aux bases de loisirs » attribués par la Région à la commune. Mais comme elle n’est pas à un paradoxe près dans sa prétendue volonté de défendre les intérêts de la population, la municipalité a fait afficher un peu partout : « Au regard de l’ampleur des dégâts causés lors des émeutes, "Beach Mesnil" est annulé cette année. Les équipements municipaux seront réparés avec les économies réalisées ». Cela signifie que la moitié des habitantEs de la ville, qui ne partent pas en vacances, ne pourront même pas bénéficier de ce cadre qui accueillait 2 500 personnes par jour les années précédentes !
Pas de doute la « poignée de petits connards qui veulent troubler l’ordre public et pourrir la vie des Blanc-Mesnilois » dans le langage fleuri du sénateur, ce sont ceux qui mettent en œuvre les discours de plus en plus extrême-droitisés contre les jeunes et toutEs les habitantEs des quartiers populaires.