Publié le Samedi 9 mai 2020 à 21h02.

Le travail reprend, nos libertés restent confinées

La loi prolongeant l’état d’urgence sanitaire a été adoptée ce samedi 9 mai. À entendre les membres du gouvernement, nos craintes sont confirmées. Il ne s’agit ni plus ni moins que de donner un coup d’accélérateur à la production, sans donner de moyens à la santé. Cela s’inscrit pleinement dans la continuité de la politique du gouvernement depuis le début de la crise.

Selon les mots des membres du gouvernement1, il s’agit de faire reprendre le travail dans 400 000 entreprises, de faire rouvrir les commerces. Et, puisqu’il s’agit avant tout de faire des cadeaux aux patrons, les « charges sociales patronales de mars, avril et mai sont supprimées pour les secteurs où il y a eu fermeture administrative ». Pour les hôpitaux et la distribution gratuite de masques, on attend toujours. Ces derniers seront payants, ou distribués par des collectivités. 

C’est donc le grand coup d’envoi de retour au travail pour les secteurs qui n’y étaient pas déjà, et donc d’un possible redoublement de l’épidémie. Dans l’éducation, les mesures les plus absurdes sont mises en place : afin de permettre au plus grand nombre possible de salariéEs de retourner au boulot, les enfants seront accueillis dans des conditions qui feront plutôt ressembler l’école à une prison, avec les distances à respecter et les tours de promenade. Pour les enfants qui seront à l’école, celle-ci fera office de garderie. Ceux qui resteront chez eux auront une diminution du temps d’enseignement, leurs professeurEs étant prisEs par les tâches de garde à l’école. 

Le second volet de la loi est la surveillance. Les déplacements sont limités à 100 km, l’absence de masque peut être verbalisée (135 euros) et, pour utiliser les transports aux heures de pointe, il faut une attestation de son employeur. Comment fera-t-on si on est sans contrat de travail, ou si on a une urgence ? Mystère...

L’application Stop-Covid, malgré les innombrables critiques tant sur le front de la confidentialité que sur celui de l’utilité réelle, est en cours de construction. Comme s’il fallait à tout prix avancer dans la direction de la surveillance de la population...

Les réunions et les manifestations restent bien interdites, alors qu’il est bien entendu beaucoup moins dangereux de se rendre à une réunion en respectant les gestes barrières et les distances que d’aller travailler ou de prendre les transports en commun.

Une fois de plus, nous n’avons rien à attendre de ce gouvernement. Pour obtenir des mesures pour la santé, des masques gratuits, la réquisition des laboratoires pharmaceutiques, pour obtenir des droits de retrait, des embauches massives dans les services publics pour faire face à la crise et aux besoins criants, dans la santé, l’éducation ou ailleurs, nous ne pouvons que compter sur le rapport de force que nous construirons dans les prochaines semaines.