Publié le Samedi 15 juillet 2023 à 18h00.

L’extrême droite face à la révolte des quartiers populaires

Angers, Lyon, Chambéry et, de façon différente, Lorient ont été le cadre d’une mobilisation d’environ 150 militants d’extrême droite contre la révolte des quartiers populaires et le mouvement contre les violences policière qui peine à émerger. De telles actions ne s’étaient pas produite en 2005 et sont révélatrices de l’état des extrêmes droites aujourd’hui. 

Une société de plus en plus violente, la perte de contrôle de la République sur des pans entiers du territoire, la guerre civile qui vient entre séparatistes islamistes immigrés délinquants et républicains sont les « constats » partagés par groupuscules radicaux… et jusqu’à la direction des Républicains (LR) 1.

Une offensive politique contre l’ensauvagement qui prépare la guerre civile

Face à ces « constats », les réponses varient. Le changement significatif côté RN est de se placer dans le cadre « républicain » en exigeant une répression féroce de l’appareil d’État et en renforçant les moyens d’action de ce dernier. Le discours est identique au mot près du côté de Reconquête, qui va néanmoins plus loin en proposant de donner un permis de tuer aux forces de l’ordre mais aussi aux commerçants face aux émeutiers. 

Parmi les groupuscules, on trouve deux orientations. Celle pour laquelle il faut se séparer, prendre le contrôle de zones rurales, en France ou ailleurs, et laisser la société s’effondrer. Et celle qui se prépare à la guerre civile pour la mener et la gagner. Ces orientations politiques, portées y compris par LR et répétées en boucle dans les médias mainstream, notamment du groupe Bolloré, légitiment, préparent les actions violentes de la nébuleuse d’extrême droite. 

Une nébuleuse fasciste violente qui se renforce mais reste groupusculaire

Si l’action de la nébuleuse mérite d’être notée, elle reste faible : 150 militants dans 4 villes. À comparer aux milliers de jeunes qui ont participé aux nuits de révoltes. Si à Lorient et à Chambéry, ces actions ont conduit à des hospitalisations ou des arrestations d’émeutiers, à Angers il s’agit uniquement d’une confrontation en centre-ville avec des militants politiques, puis de la défense de leur local par des fafs qui n’ont pu que tenir leur position. Les deux nazis arrêtés après avoir percuté une voiture sur un parking de supermarché à Lyon illustrent une nouvelle fois que le « terrorisme » d’extrême droite est jusqu’ici le fait de demeurés…

Il faut également souligner l’articulation entre ces actions et la dynamique en cours au sein des forces de répression. À Lorient, le commando est vraisemblablement le fait de militaires, sans que l’on sache s’il existe un lien avec un groupe d’extrême droite constitué. À Chambéry, les chasseurs alpins fournissent un nombre significatif de militants d’extrême droite, ce qui explique que ces derniers défilent au pas et entonnent des chants paras. Dans ces deux villes on a pu observer au moins une forme de bienveillance de la part des forces de l’ordre. On voit donc que parmi les forces de répression, il existe une tentation d’aller plus loin que les ordres et d’agir face à la guerre civile parmi des groupes militants. Ces convictions politiques peuvent également conduire à une certaine bienveillance vis-à-vis de l’extrême droite.

Offensive de l’extrême droite

Une offensive politique d’extrême droite est en cours qui a recomposé au-delà de ses rangs entraînant une partie de la droite et de la macronie, représentant aujourd’hui des millions d’électeurs. Cette offensive se place dans le cadre républicain, nouveau vecteur qui sert à cornériser ses opposants et donc la gauche, LFI en tête, qui est exclue depuis les dernières législatives. Sans qu’elle soit directement organisée, cette offensive politique nourrit une nébuleuse fasciste violente, dont les effectifs faibles croissent légèrement. En revanche, sa confiance, son audace et donc ses actions progressent elles plus rapidement. 

L’ensemble du mouvement ouvrier — partis, syndicats, collectifs et associations — doit répondre à ces deux éléments, en menant une contre-offensive politique et en renforçant ses capacités d’auto­défense de façon à briser dans l’œuf la menace fasciste.