Vincenzo Vechhi, militant politique italien arrêté dans son village breton près de Rochefort-en-Terre et emprisonné à Rennes depuis le 8 août dernier, est sous le coup d’une demande d’extradition de la justice italienne afin d’être jugé pour sa participation aux manifestations contre le G8 de Gênes en 2001 et une manifestation antifasciste à Milan en 2006. La peine encourue est hallucinante : 12 ans de prison, 18 ans après, pour des faits mineurs et matériels.
À cette heure, les avocates de Vincenzo ont obtenu un délai pour supplément d’information, afin d’étudier si le mandat d’arrêt doit donner lieu ou non à une extradition. Les avocates ont aussi demandé une demande de mise en liberté sous bracelet avec garantie d’hébergement, vie sociale, travail en Bretagne. Ces derniers jours, le comité de soutien de Vincenzo a révélé que le mandat d’arrêt pour Gênes était incomplet et inconsistant selon « la cour et l’avocat général » et celui pour Milan caduque puisque Vincenzo avait déjà effectué sa peine. Le dossier s’avère en réalité plus complexe que prévu pour les autorités italiennes qui se retrouvent face à un flagrant délit de manipulation.
Gênes, été 2001Il faut se souvenir du contexte de ces manifestations de Gênes en 2001 : mort d’un manifestant, Carlo Guliani, torture en détention, « boucherie » du dortoir Diaz… Amnesty International avait parlé à l’époque de « la plus grave atteinte aux droits démocratiques dans un pays occidental depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Mais aucun policier, aucun ministre, aucun commissaire ne sera toutefois inquiété. L’Italie sera condamnée, quinze ans plus tard, par la Cour européenne des Droits de l’homme pour n’avoir jamais poursuivi en justice ni identifié les auteurs de violences. Car c’est bien une affaire politique qui se déroule dans les murs du Parlement de Rennes. L’arrestation de Vincenzo a lieu alors que, dans l’Italie de l’été 2019, c’est l’extrême droite de Salvini et de la Ligue du Nord qui est au pouvoir. Ce dernier a voulu étaler sa force en montrant qu’après avoir obtenu l’extradition de Cesare Battisti, il pouvait enfin avoir la tête d’un militant anticapitaliste et antifasciste. Le gouvernement français, Macron, Castaner, Le Drian et Belloubet seraient directement complices de l’extrême droite italienne en acceptant une extradition demandée par Salvini.
Le combat pour Vincenzo est notre combatLe mercredi 14 août, alors que comparaissait Vincenzo, nous étions plus de 300 devant le Parlement pour le soutenir et pour exprimer notre colère : comité de soutien de Rochefort-en-Terre, militantEs politiques, syndicaux, associatifs, antifas... de Rennes et de Bretagne. Des comités de soutien ont fleuri partout en France pour exiger des autorités françaises qu’elles ne cèdent pas aux injonctions italiennes de leur livrer un militant politique. Cette affaire s’est développée dans le contexte du G7 à Biarritz, de la répression accrue des militantEs et manifestantEs, de la montée des fascismes partout dans le monde… Le combat pour Vincenzo est un levier aujourd’hui partout en France (et en Italie) pour faire de la politique et armer notre camp social.Alors qu’Antonin Bernanos vient lui aussi de se voir prolonger sa détention, il est primordial aujourd’hui de réclamer la liberté pour touTEs les camarades antifascistes, touTEs les camarades du mouvement social et politique, touTEs les manifestantEs qui se retrouvent derrière les verrous d’une justice de classe, d’une justice aux ordres des gouvernements les plus réactionnaires et autoritaires. Kevin Elté