Si nous respectons la douleur de la famille, nous ne nous associons pas à la série d’hommages à Georges Frêche, contrairement à tous les dirigeants politiques de gauche ou de droite.
Avec ses dérapages, provocations et plaisanteries douteuses, l’homme politique a contribué à la banalisation du racisme dans notre région.
Profitant des pouvoirs donnés pas les lois de décentralisation et cumulant les mandats, il a mis un place un système de gouvernement autoritaire et clientéliste : chantage aux subventions pour contrôler les élus mais aussi menaces et insultes, accords en sous-main ou au grand jour avec des élus de droite contre ses « amis » politiques, pressions pour avoir une presse aux ordres (Midi Libre avait été privé pendant un an de publicités issues des institutions contrôlées par Frêche suite à un article critique)… Notons aussi qu’un pouvoir sans partage sur plusieurs décennies avait provoqué chez lui une forme particulière de mégalomanie, la septimanie (1).
Les admirateurs de Georges Frêche, sincères ou aux appétits mal  dissimulés, lui donnent ce jour deux qualités : visionnaire et  bâtisseur. Visionnaire ? Effectivement, sa gestion n’était pas  celle des affaires courantes et l’on ne saurait lui reprocher son manque  d’ambition. Ceci dit, être « visionnaire » ne définit pas une  politique. Si comme élu, alors de gauche, il a anticipé, c’est dans  l’adaptation au libéralisme. Il a par exemple été le premier maire à  gaspiller l’argent public dans des campagnes de publicité en faveur  d’une commune ( « Montpellier la Surdouée » au milieu des  années 80). Il a ainsi inauguré médiatiquement la compétition des  territoires largement généralisée aujourd’hui et dont les conséquences  sont socialement désastreuses. Pour le reste, sa politique fut  banalement social-libérale : délégations de service public au privé,  cadeaux aux entreprises capitalistes… Quant à la « surdouée  », elle reste vingt-cinq ans après, celle qui détient, parmi les  grandes villes universitaires, le bonnet d’âne du chômage, de la  précarité et des bas salaires.   Bâtisseur ? Oui, sous les mandats de Georges Frêche,  Montpellier et son agglomération ont largement grossi. Notons cependant  que c’est aussi le cas des autres grandes villes du Sud et de l’Ouest,  cela quelles que soient les politiques menées. De plus, Montpellier  dispose d’atouts géographiques et climatiques (mer, soleil…), qui, n’en  déplaise à ses admirateurs, préexistaient à George Frèche.  On peut aussi s’interroger. Pourquoi l’expansion urbaine serait-elle une  bonne chose en soit ? Montpellier est-elle plus agréable à vivre  maintenant qu’il y a trente ans ?  Quant à la « vision » qui fut celle du « bâtissseur »,  elle est largement discutable : une expansion urbaine continue, sans  aucun effort pour préserver une ceinture verte et agricole, des centres  commerciaux à l’américaine (Odysseum), de nouveaux quartiers uniformes  et sans âme, des problèmes de circulation non résolus malgré des travaux  permanents, des ouvrages de prestige coûteux et largement  surdimensionnés, (nouvelle mairie, Arena)….  Avec la disparition de Georges Frêche, il est certain qu’une nouvelle page s’ouvre à Montpellier et en Languedoc-Roussillon.   Le NPA n'entrera ni dans les querelles autour du choix du  successeur ni dans les conflits, combinaisons et recompositions qui vont  agiter les deux PS et leurs alliés potentiels. Dans le prolongement du  programme défendu avec nos partenaires lors des dernières élections  régionales, nous agirons pour la construction d’une véritable  alternative de gauche à la gestion « Frêche ».
David Hermet, porte-parole du NPA 34.
(1) Nom que George Frêche voulait substituer à celui de la région Languedoc-Roussillon, par analogie avec une région de l'empire romain.
 
    