Publié le Vendredi 24 novembre 2017 à 10h26.

Muriel Pénicaud, ministre du Travail, piétine le droit syndical

Le 12 octobre 2017, les DRH des grands groupes français s’étaient donné rendez-vous pour un congrès au Pré Catelan, restaurant situé dans le Bois de Boulogne. Pour l’occasion, des militantEs de divers réseaux ont effectué le déplacement, appelant ironiquement à une « chasse aux DRH ». Une inspectrice du travail présente sur les lieux est aujourd’hui sous le coup de sanctions disciplinaires.

Lorsque l’Union syndicale Solidaires appelle à un rassemblement devant un pince-fesse de DRH, auquel la présence de Muriel Pénicaud est prévue, un syndicat du ministère du Travail mandate quelques camarades pour y faire savoir qu’on cherchait partout la ministre. En effet, alors qu’elle était en poste depuis bientôt 5 mois, aucunE syndicaliste ne l’avait encore rencontrée. 

Un dossier vide

Ils avaient pourtant des choses à lui dire : toutes ces suppressions de postes, cet acharnement à détruire leur outil, le code du travail. Les agents voulaient des explications.

Quand on sait que la ministre ne s’est même pas déplacée, tout cela n’aurait pu rester qu’un petit rassemblement fort sympathique entre camarades et amiEs, fait de soleil dans les bois et de chansons, se finissant en pique-nique près des lacs, si des journalistes n’avaient demandé une interview au petit regroupement d’agents du ministère, décidés à transmettre leur message syndical.

La copine désignée s’en tire très bien, fait tout dans les formes, en précisant son ministère et son appartenance syndicale. Et en plus c’est drôle ! Hélas, sa profession, inspectrice du travail, figure également au montage sur la vidéo, au côté de son syndicat.

Pour le ministère, c’en est trop : il faut faire un exemple. Un mois plus tard, la copine est suspendue, ce qui implique la faute grave, alors que le dossier est vide ! Qu’à cela ne tienne, on agite le tout nouveau décret de déontologie1 au mépris du droit d’expression syndicale, dans un rassemblement autorisé et déclaré, lequel s’est déroulé calmement.

L’émotion est déjà vive dans les services et au-delà, des actions de solidarité sont prévues jusqu’au 14 décembre, date à laquelle la camarade est convoquée en CAP disciplinaire au ministère, rue Duquesne. Soutenons l’inspection du travail en lutte pour ses droits, à commencer par celui de s’exprimer face à leur ministre ! Exigeons la levée immédiate de la suspension, et de toutes les sanctions contre les syndicalistes du ministère du Travail !

Comité Inspection du travail-Emploi IdF 

  • 1. Paru en avril 2017, ce décret à la légalité contestable – et encore contestée – stipule que les agents du corps de l’inspection ne doivent jamais faire état de leur profession en public.