Macron veut « rétablir la confiance des Français dans l’action publique » en moralisant la vie politique par deux lois et une réforme constitutionnelle...
Mais l’effet d’annonce fait « pschitt », tant les hommes politiques corrompus du nouveau gouvernement ressemblent à s’y méprendre aux anciens, et tant les réformes envisagées ne sont au mieux que du toilettage, au pire un écran de fumée... Comment ce gouvernement, comme les précédents au service des plus riches, pourrait-il se moraliser ?
Ainsi à peine élus, deux ministres sont déjà soupçonnés de pratiques douteuses. Ferrand a mélangé son rôle de président de mutuelles et de député au bénéfice de sa famille, le Garde des sceaux Bayrou a quant à lui sans doute utilisé les fonds du Parlement européen à des fins non autorisées, et a déjà exercé des menaces sur la liberté de la presse...
Suppression des abus trop impopulaires...
Une loi ordinaire permettrait de mettre un terme aux abus de népotisme et d’enrichissements personnels, notamment, par l’interdiction de l’embauche de membres de leur famille aux députés, l’imposition d’un plafonnement et du remboursement des frais de mandature sur factures, l’encadrement plus strict des prêts et dons de personnes physiques aux partis.
Une loi organique supprimerait la réserve parlementaire, une mine fantastique pour le clientélisme. Contre les conflits d’intérêts, elle devrait aussi encadrer, un peu, l’activité – fort juteuse – des députés dans les sociétés de conseils. Enfin, la réforme constitutionnelle limiterait le nombre de mandats à trois consécutifs et identiques au niveau national, interdirait aux ministres de siéger dans les exécutifs locaux, supprimerait la Cour de justice de la République (qui n’aurait jamais dû exister !).
… pour ne rien changer !
Le Premier ministre l’affirme, l’élection de Ferrand aux législatives « sera le juge de paix, celui que personne ne peut dépasser en démocratie ». Comme les casinos blanchissent l’argent du crime, les élections gagnées blanchiraient-elles les candidats voyous ? Est-ce pour cela, que dans les réformes annoncées, l’obligation de ne pas avoir de casier judiciaire pour être candidat est absente ?
Quant à Bayrou, « ces règles vont protéger les citoyens des abus et leur rendre confiance dans la démocratie ». Mais il ne s’agit pas que d’abus commis par quelques moutons noirs, il s’agit bien d’un système politique organisé par une caste en osmose avec un système économique au service d’une minorité de riches, actrice et bénéficiaire de celui-ci. Leur morale : le laisser-faire, la concurrence, le profit dans tous les rouages.
Des exemples ? Les magistrats de la Cour des comptes ne sont pas autorisés à certifier les comptes de campagne des gros partis au motif que « la liberté d’entreprendre serait contrariée, celles des commissaires au comptes qui occupent les marchés ». Et surtout, le verrou de Bercy est maintenu, Bercy qui décide ou pas l’ouverture d’enquête contre les fraudeurs fiscaux ! L’État est donc bien complice du vol de 60 à 100 milliard d’euros annuels.
Nous défendons la limitation des mandats politiques à deux fois dans une vie, l’élection à la proportionnelle, la révocation possible des élus, le droit de vote des étrangers à toutes les élections, l’indépendance du parquet. Mais notre responsabilité est surtout de construire des fronts d’opposition sociale et politique à leurs projets de casse du code du travail et de destruction de nos acquis, de nos droits et de nos libertés.
Roseline Vachetta