Grande première dans l’histoire du Parti communiste : à la veille de son congrès, la direction sortante du PCF vient d’être mise en minorité par un vote interne. C’est le texte du député André Chassaigne qui a remporté la mise. Renouveau ou déclin en perspective ?
Samedi 6 octobre, la direction sortante du Parti communiste a été mise en minorité à l’issue du vote des 49 000 militantEs appelés à se prononcer pour le congrès du parti qui aura lieu les 23 et 24 novembre prochain à Ivry-sur-Seine. En effet, le texte de la direction sortante n’a obtenu que 37 % des votes, tandis que celui porté par, entre autres, le député André Chassaigne, « le Manifeste pour un PCF du 21e siècle » a rassemblé plus de 42 % des voix. Une grande première dans la longue histoire du PCF même si, déjà en 2016, le texte de la direction sortante avait failli être minoritaire.
Deux autres textes étaient également soumis au vote des adhérentEs : celui de la frange dite « orthodoxe », qui a recueilli moins de 8 % des voix et celui des communistes très proches de La France insoumise, qui a rassemblé moins de 12 % des voix. Le texte défendu par Pierre Laurent a obtenu la majorité absolue dans 28 départements et a été mis en minorité dans la plupart des plus fortes fédérations départementales du parti. Tandis que celui d’André Chassaigne a été majoritaire dans les vieux bastions industriels du Nord et de l’Est, dans le centre de la France et dans le Val-de-Marne.
Une direction contestée depuis des mois
La mise en minorité du texte de la direction sortante n’est pas vraiment une surprise, tant elle est contestée depuis des mois. Les hésitations stratégiques permanentes de Pierre Laurent lui ont été fatales et lui sont reprochées de toutes parts en interne (des communistes identitaires aux pro-FI). La prudence de Pierre Laurent et ses hésitations pendant huit ans ont été jugées de moins en moins convaincantes. Sans oublier l’hémorragie militante : 78 000 votantEs au congrès de 2008 contre 50 000 aujourd’hui. Et pour beaucoup, Pierre Laurent est celui qui est responsable des humiliations envers les communistes, tant électorales (les dernières législatives, la non-candidature aux deux dernières présidentielles), que de la part de leur ex-principal allié Mélenchon, qui avait défini le PCF comme « le parti de la mort et du néant ». C’est dans ce contexte qu’en juin dernier le vote de la « base commune » au Conseil national avait été adopté par moins de 50 voix sur 90 déléguéEs présents. Une grande première qui n’annonçait rien de bon. Une partie des proches de Pierre Laurent avaient même signé, dès février, une tribune cinglante contre la direction…
Communiste et fier de l’être
La crise du PCF a donc ouvert la voie aux défenseurs de l’autonomie, tels André Chassaigne et Fabien Roussel, le nouvel homme fort du parti et qui semble être tout désigné pour être le futur secrétaire national. Ces derniers plaident avant tout pour la reconstruction du parti avant de parler de stratégies d’alliances. Leur ambition est de de porter un coup d’arrêt à « l’effacement », depuis de trop longues années, du Parti communiste et des idées communistes. Bref, les deux hommes veulent plus que jamais un parti à l’offensive. Ce qui passe selon eux par une candidature communiste, coûte que coûte, à la prochaine présidentielle, alors que le parti n’a plus présenté de candidat à cette élection depuis 2007. Fabien Roussel veut clairement « que le PCF redevienne fort, ce qui ne veut pas dire qu’on peut y arriver seuls, Néanmoins, nous sommes persuadés que la gauche ne peut retrouver le pouvoir sans un PCF fort. »
Mais tout n’est pas encore gagné. En effet, le texte « le Manifeste », même si il est en tête du vote des adhérentEs, n’a obtenu que 42,15 % et il faut donc, d’ici la mi-novembre que des alliances se fassent pour obtenir une majorité absolue. En attendant, le texte devient la base commune des discussions. Mais rien n’est encore joué.
Joséphine Simplon