Publié par La Nouvelle République
Philippe Poutou, 55 ans, emblématique porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et candidat à la présidentielle, était de passage dans la salle des Castors, à Buxerolles, samedi 21 mai 2022 en soirée pour une fête avec les militants de la Vienne. Un débat a été organisé à l'occasion des élections législatives et un hommage a été rendu à Alain Krivine.
Quelle est la raison de votre présence dans la Vienne ?
"Cette fête anti capitaliste est un rendez-vous annuel. Mais cette année, c'est particulier avec les législatives. Je suis venu dire que notre orientation générale est de soutenir les candidats de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), sauf ceux du PS.
Pourquoi le NPA n'a-t-il pas rejoint la Nupes ?
"Ce sont les autres partis qui ont décidé de ne pas nous accepter ! Dès que le PS est rentré dans la danse des négociations, LFI ne voulait plus du NPA. Nous avons été écartés."
Combien aurez-vous de candidats NPA aux législatives en France ?
"Une vingtaine mais nous n'avons pas de visibilité médiatique. Partout où c'est possible, nous soutiendrons des candidats LFI et ceux qui sont en rupture avec la logique libérale. Malgré tous les défauts de la Nupes, l'orientation est de tout faire pour que Macron ait le moins de majorité possible."
Comment analysez-vous le climat social actuel ?
"Il peut y avoir un lien entre une victoire qui fait plaisir au peuple de gauche et et une mobilisation de la société civile. C'est le rapport de forces dans la rue qui peut changer les choses. Le climat social est hyper instable. Il y a quelque chose de potentiellement explosif qui n'ira peut-être pas dans le sens de la gauche mais dans celui de l'extrême droite. Et la suite fait peur... Mais il peut y avoir des paramètres qui font que ça explose dans le bon sens."
Quel enseignement tirez-vous de votre score à la présidentielle ?
"Avec 0,77%, nous avons payé le vote utile à Mélenchon ! Il y a cinq ans, nous avions fait 1%. Le NPA est populaire. Nous sommes vus comme des vrais gens de gauche, beaucoup de gens étaient d'accord avec notre radicalité mais ils ont voulu utiliser l'outil Mélenchon."
Et côté finances, le NPA n'en sort pas exsangue ?
"Comme nous savons que nous ne dépassons pas 5%, nous avons construit notre budget de campagne avec les 800.000 € alloués par l'État quand j'ai été officiellement désigné candidat. Donc, nous n'avons pas de mauvaises surprises. Il y a cinq ans, nous avions dépensé 785.000 €."
Vous êtes porte-parole depuis dix ans, combien de temps allez-vous le rester ?
"Ce n'est pas un titre dédié ! Tout dépend de celui qui prend la lumière médiatique. Olivier Besancenot était dans la même situation. On verra dans quel état sera la NPA dans cinq ans et qui nous proposons comme candidat. Nous ne serions pas opposés à une disparition du NPA dans une gauche radicale. Nous n'abandonnons pas cette idée. La Nupes refile la pêche mais c'est un accord d'appareils politiques. Et il y a une probabilité qu'elle ne tienne pas après les législatives. L'aspect positif de la Nupes, c'est qu'elle remet à l'ordre du jour l'idée de reconstruire la gauche.
Où en êtes-vous à titre personnel ?
"L'usine Ford de Blanquefort a fermé il y a deux ans. J'ai été viré comme tous les autres. Et quand je me suis inscrit au chômage, en septembre 2021, la campagne pour les présidentielles débutait. Mon conseiller Pôle emploi est sympa, il m'a mis dans la case "autonome". J'ai été payé à mi-temps par le NPA pour la campagne et j'ai continué à toucher d'élu à Bordeaux. Après l'été, j'ai une promesse d'embauche comme salarié dans le secteur culturel en Nouvelle-Aquitaine."