Dimanche 16 juin, aux environs de 6 heures du matin, notre camarade Gaël Quirante, membre de la direction du NPA et secrétaire départemental de Sud Poste 92, a été arrêté chez lui par la police et placé en garde à vue. Il n’est ressorti que 32 heures plus tard, sans mise en examen mais avec l’obligation de répondre à toute convocation future. Le cas de Gaël est un nouvel exemple de la montée en puissance de la répression contre toute contestation sociale.
Pouvoir, police et patrons contre nos revendications
Si Gaël a été arrêté, ce n’est pas pour « dégradation de biens de La Poste » ou « violation de domicile » (faits qui lui ont été reprochés suite à une occupation du siège national de La Poste dans la nuit du 13 au 14 juin). C’est parce que depuis bientôt 15 mois, lui et ses 150 collègues du 92 ont engagé un véritable bras de fer avec la direction de La Poste pour stopper la suppression des tournées, l’augmentation de la charge de travail et les réorganisations qui feront voler en éclats le service public postal. Car c’est bien La Poste qui dégrade le service public, en fermant 500 bureaux par an et en ayant supprimé 100 000 emplois en dix ans !
Les discriminations et la répression contre les militantEs syndicaux sont quotidiennes de la part des patrons d’entreprises et des dirigeants-managers dans les services publics. De façon plus globale, il suffit de regarder comment le mouvement des Gilets jaunes a été traité depuis la mi-novembre pour comprendre que ce pouvoir, qui n’entend rien céder sur le fond, réprime de plus en plus durement, tant par les violences policières que par les violences judiciaires.
Pourtant forcément partiels, les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur, rendus publics il y a quelques semaines, parlent d’eux-mêmes : 8 700 gardéEs à vue, 13 460 tirs de LBD 40, 1 428 tirs de grenades lacrymogènes instantanées explosives, et 3 830 blesséEs (dont des dizaines de mutiléEs à vie) !
L’autoritarisme et la répression en marche
La cheffe de l’IGPN, la police des polices, « réfute totalement le terme de violences policières »… Pourtant, depuis plusieurs mois, le Défenseur des droits, le Parlement européen, le Conseil de l’Europe et l’ONU s’inquiètent des violences policières et des restrictions des libertés publiques en France. Des condamnations unanimes, également venues d’ONG et d’associations de défense des droits humains, de syndicats de magistrats, et même de syndicats de policiers...
Le pouvoir a choisi de nier l’existence des violences policières… faisant même porter la responsabilité des blessures et mutilations aux Gilets jaunes eux-mêmes ! Ces discours se sont traduits en actes avec une répression tous azimuts, mais aussi par l’adoption de la loi dite « anticasseurs » en mars dernier (en réalité une loi anti-manifestations), la multiplication des commandes de nouvelles armes de guerre pour la police et la gendarmerie, les interdictions hebdomadaires de manifester, des arrestations de journalistes, etc.
Et le pouvoir ne semble pas vouloir faire marche arrière, bien au contraire. On vient ainsi d’apprendre, grâce à un article du site Basta !, que « la place Beauvau vient successivement d’acheter 40 000 nouvelles grenades à main de désencerclement (GMD) à effet assourdissant, et de lancer un appel d’offres visant à acquérir, sur les quatre prochaines années, 25 millions de... cartouches de fusil d’assaut »1. Un signe parmi bien d’autres, qui confirme que la répression est devenue un mode de gouvernance, et pas un simple supplément d’âme, pour Macron et Cie.
Stopper la fuite en avant
Les mobilisations en cours, notamment dans les urgences et dans l’éducation nationale, sont confrontées à ces logiques répressives, avec notamment le mécanisme des assignations contre les grévistes des urgences, y compris lorsqu’ils sont en arrêt maladie, avec visite de la gendarmerie à domicile ! Dans l’éducation, les sanctions administratives se sont multipliées ces dernières semaines, avec une volonté de faire taire toute critique de la loi Blanquer, nouvelle étape dans le démantèlement du service public d’éducation.
Comme contre toutes les attaques programmées (suppression d’emplois publics, licenciements, retraites, droits des chômeurEs), la résistance doit s’organiser contre l’autoritarisme, les atteintes à la liberté de la presse, les violences policières et la justice aux ordres. Se battre contre les législations réactionnaires (telle la loi dite « anticasseurs »), soutenir tous les répriméEs, toutes les victimes des violences, interdire les armes de guerre (LBD et grenades), défendre les libertés publiques, nécessitent de construire les convergences nécessaires.
Pour aider les résistances, il faut unir nos forces, les coordonner dans la durée, à commencer par celles des organisations (syndicales, politiques ou associatives), des courants et équipes militantes, de toute la gauche qui veut lutter contre Macron et le patronat. Se regrouper pour agir ensemble et débattre des perspectives pour reprendre la main : il n’y a pas d’autre voie pour stopper l’offensive antisociale et sécuritaire, et il y a urgence !