Cette rentrée est, plus que jamais, tout à la fois sociale et politique. L’ampleur de la crise économique, notamment en Europe, ne laisse d’autre choix aux gouvernements qu’une politique de régression sociale draconienne ou... de rompre avec la logique capitaliste.L’imposition particulièrement antidémocratique du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) est indissolublement liée à la politique d’austérité et de reculs sociaux appelée à grands cris par le patronat.Ainsi en cette rentrée, la bataille engagée autour de la compétitivité des entreprises, est un enjeu essentiel. Derrière le vocable, il ne s’agit ni plus ni moins que de la guerre sociale et économique, mais présentée de façon atténuée et moderne. Car la compétitivité, cela n’évoque pas la guerre, mais plutôt la compétition, celle qui se déroule selon les règles, acceptées par tous, des Jeux olympiques par exemple. Le Premier ministre a promis, « un choc de compétitivité ». De même, quand on parle de dégraisser, les conséquences sur le quotidien des salariéEs, de leur famille, sur une ville, un territoire n’ont rien à voir avec les kilos perdus par un athlète. Par ces opérations langagières, la bourgeoisie vise à faire accepter au plus grand nombre une haute dose de sacrifice, sur le modèle des athlètes contraints de surveiller leur poids et leurs performances s’ils veulent pouvoir monter sur la plus haute marche du podium.
Une nouvelle étape dans la casse socialePour donner du crédit à ces mensonges, gouvernement, patronat et éditorialistes nous chantent les louanges de l’économie allemande. Voilà le modèle à adopter ! C’est oublier que ce prétendu miracle a un coût social exorbitant : absence de salaire minimum, explosion de la précarité, destruction des conventions collectives, réduction des allocations chômage… Un programme de destruction des acquis sociaux mené tambour battant par un gouvernement social-démocrate et l’ancien directeur du personnel de Volkswagen. Autant dire que quand les socialistes travaillent main dans la main avec l’industrie automobile, il n’y a rien de bon à en attendre !L’introduction au document d’ouverture de la négociation sur la « sécurisation de l’emploi » fixe le cadre en toute clarté : « une volonté... partagée : entre "déréglementation" et "surréglementation", il y a une voie : celle du dialogue social. À condition qu’il soit loyal, confiant, transparent, apaisé, et qu’il permette ainsi l’équilibre « gagnant-gagnant » des accords ».Malheureusement, le gouvernement a déjà marqué des points dans cette logique. Aujourd’hui, partis de droite comme de gauche et directions syndicales reprennent les mêmes mots. Pour la CFDT, la CGC et la CFTC, aucune ambiguïté : pour sortir de la crise, il faut partager les efforts, accepter des sacrifices. Selon eux, les accords emplois-compétitivité permettraient des engagements réciproques : reculs sur les garanties statutaires en matière d’emploi, sur les conditions de travail, sacrifices en matière de salaires contre de prétendues garanties sur l’emploi. Marché de dupes garanti. La CGT serait prête à « débattre de la compétitivité » en lui donnant un autre contenu : garantie du pouvoir d’achat, pouvoirs accrus des salariéEs au travers des comités d’entreprises, et Sécurité sociale professionnelle. Accepter ce dialogue social, c’est déjà cautionner une partie de ses résultats. Quant à FO, la confédération désavouera-t-elle nationalement ce que ses représentants ont signé à SevelNord ?
Une seule solution : la mobilisationFace au déferlement de plans de licenciements de fermetures de sites et aux négociations sur la compétitivité qui s’annonce, nous participons à la construction d’une riposte autour d’un programme visant à rejeter cette nouvelle dérégulation sociale : interdiction des licenciements, expropriation des patrons licencieurs, contrôle de l’argent public, pôle public bancaire, responsabilité collective des patrons d’une filière (automobile, chimie…). Et, dès maintenant, il s’agit de construire la riposte à l’échelle européennevoire mondiale.Entre le patronat et les travailleurs, il n’existe pas d’accord gagnant-gagnant. Parce que dès que l’on met le petit doigt dans l’engrenage, la logique est implacable : d’abord, on aide l’entreprise à aller mieux, à supprimer quelques emplois. Puis on célèbre le patriotisme économique, on chante la Marseillaise, on turbine pour être plus productif que les autres, les Allemands, les Polonais, les Chinois, et demain, nous donnerons tous des RTT, des congés et une partie de notre salaire pour « sauver » nos emplois. Ce n’est pas de la politique-fiction : c’est ce qui se passe, à grande échelle, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie…Henri Clément et Robert Pelletier