C’est une nouvelle opération de communication qui a eu lieu ce matin avec l’évacuation sans concertation de la scène ouverte de consommation de crack du square Forceval dans le 19e. Darmanin peut pavaner sur Twitter, affirmant que le campement est définitivement démantelé, cette énième opération policière n’apporte aucune solution au problème posé par la présence de plusieurs centaines d’usagers de crack dans le Nord Est parisien. D’évacuation en évacuation la seule réponse des pouvoirs publics est le déplacement des scènes ouvertes, de Stalingrad à la « colline » de la Porte de La Chapelle en passant par les jardins d'Éole et enfin Forceval. Comme le rappelle dans un communiqué (1) le collectif interassociatif sur le crack en Île-de-France, les réponses doivent être d’abord sanitaires et sociales.
Les usagers vont se disperser… et errer
Ce qui s’est déroulé ce matin n’est en rien le début d’une solution, seule une petite partie des usagers a pu en prise en charge par les associations, une autre, constituée d’usagers sans papiers, a été dirigée vers des centres de rétention administrative où des places avaient été réservées par la préfecture de police. Ils ne seront pas expulsés et, sans solutions, retrouveront rapidement la rue. La préfecture prévoit de maintenir une garde statique à Forceval afin d’empêcher la reconstitution de la scène ouverte à cet endroit. La question est donc : que vont devenir l’immense majorité des usagers qui fréquentaient Forceval ? La réponse on la connait : ils et elles vont se disperser et errer sur l’ensemble du nord-est parisien, en attendant qu’une nouvelle scène ouverte se reconstitue. Pour « l’ordre public rétabli à Paris », dont Darmanin se vante dans son tweet, on repassera…
Des solutions concrètes existent
Dans la perpective des jeux Olympiques, le gouvernement souhaite se débarrasser des usagers de crack qui sont bien trop visibles dans cette partie de la capitale. C’est le sens de l’interview de Nunez, le nouveau préfet de police, dans le Parisien du 15 septembre : « Oui, le trafic de crack sera éradiqué dans un an ». Cette posture martiale digne des grandes années de la « guerre à la drogue » version Reagan est mensongère et illusoire. Dans une société malade du capitalisme l’usage des drogues ne disparaitra pas.
Par contre des solutions concrètes existent et sont portées par les associations qui interviennent auprès de ce public qui est parmi le plus marginalisé et précarisé : ouverture de salle de repos, mise en place de salles de consommation (Halte soins addiction), places d’hébergement dédiées, facilitation de l'accès aux soins médicaux, et surtout une réforme nécessaire de la politique des drogues avec l’abolition urgente de la loi de 1970 qui fait de la France un des pays les plus rétrogrades en matière de répression de l’usage des substances psychoactives.
Ces solutions sont mises en place dans la majorité des pays européens avec des résultats probants en matière de tranquillité publique et d’accès aux soins pour les usagers.
C’est cette perspective que nous soutenons.