Publié le Lundi 24 avril 2017 à 10h06.

Discriminations : Médecine à la carte

À la demande du Fonds CMU et du défenseur des droits, une étude a été réalisée : « Des pratiques médicales et dentaires, entre différenciation et discrimination. Une analyse de discours de médecins et dentistes » 1

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    En apparence, la législation est très nette : « Aucune personne ne peut faire l’objet de discriminations dans l’accès à la prévention ou aux soins », selon l’article 1110-3 du Code de la santé publique. Pourtant, l’enquête montre que la réalité est bien différente.

    Étiqueté, stigmatisé

    La discrimination passe d’abord par le langage, avec des médecins libéraux qui ont pris pour habitude d’appeler les personnes précaires « les CMU ». Catégorisés selon des critères socio-économiques (malgré une population très diverse), ces patients précaires seraient selon eux plus difficiles à soigner. Étiquetés socialement comme « pauvres », ils se voient attribuer des comportements stéréotypés : surconsommation de soins, absentéisme, fraude, qui entraînent pour partie un refus de soin. Or, si les différences de soins sont normales d’un patient à l’autre pour des motifs cliniques, elles deviennent une discrimination quand il s’agit de représentations stigmatisantes.

    La différence d’accès aux soins se retrouve d’abord dans la prise de rendez-vous (refus direct ou réorientation vers un autre praticien, refus de tiers payant) puis dans le traitement des personnes lors de la consultation (soins prodigués, temps consacré, traitement prescrit).

    La santé n’a pas de prix

    La logique comptable de l’assurance maladie est un sujet qui cristallise les mécontentements des praticiens et expliquent également les refus de soin. Les remboursements sont généralement tardifs et/ou sous-évalués.

    « Avant, on parlait des gens en situation de pauvreté qui avaient l’aide médicale... On a commencé à parler d’une catégorie CMU. Pour la profession, les CMU sont devenues la bête noire. On a mis l’étiquette CMU, ils peuvent pas venir, ils nous laissent leurs prothèses, et ils nous coûtent de l’argent » (paroles d’un dentiste en centre de santé).

    Robert Pelletier