Publié le Dimanche 12 janvier 2025 à 10h00.

Face à l’austérité libérale : défendre la « sécu »

Dossier préparé par la commission nationale santé sécu social

C’est sur le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale qu’est tombé le gouvernement Barnier, et qu’a échoué l’adoption d’un plan d’austérité de 60 milliards d’euros qu’il voulait imposer. Confronté au rejet massif de ce plan, le Rassemblement national n’a pu maintenir jusqu’au bout sa volonté de ne pas faire chuter le gouvernement et de se présenter en candidat à la mise en œuvre des politiques libérales les plus brutales.

Le débat parlementaire sur le budget de l’État (PLF) et sur celui de la Sécurité sociale (PLFSS) a été particulièrement éclairant. Il a d’abord montré la détermination de la Macronie, désavouée dans les urnes, à continuer par tous les moyens une politique dont l’échec est visible aux yeux de toutes et tous.

La pluie de cadeaux faits aux plus riches et aux entreprises pour leur rendre la France « attractive », et augmenter leurs profits, aboutit à un double désastre. Les finances publiques et la protection sociale sont exsangues, privées de ressources, au nom de la « baisse du coût du travail », ce qui n’empêche pas la vague de suppressions d’emplois, de fermetures d’entreprises et de délocalisations qui déferle sur le pays. Les patrons ont empoché les aides de l’État et des collectivités et les exonérations de cotisations, sans que rien ne les empêche aujourd’hui de jeter au chômage des milliers de leurs salarié·es.

 

Macron ne change pas sa politique

Désavouée dans les urnes, la Macronie n’entendait pas pour autant changer de politique, mais, alliée à la droite, elle aussi grande perdante des élections, elle voulait persévérer dans la même voie, tout en faisant payer la crise aux classes populaires. C’était le sens du plan Barnier.

Quant au Rassemblement national, dans l’espoir d’un accès prochain au pouvoir, il souhaitait se débarrasser de sa démagogie « anti-système », pour se présenter comme un parti capable de gérer loyalement les intérêts du Capital. Ses hésitations a faire tomber le gouvernement Barnier en témoignent, tout comme les votes des députés RN contre tout ce qui pourrait taxer le Capital, ou exonérer les patrons de cotisations sociales.

« L’assistanat » aux plus riches, pour leur permettre de faire toujours plus de profits est le point commun qui unit Macron, la droite et l’extrême droite. Il passe par la réduction de la dépense publique, servant à financer des services publics de qualité accessibles à tous (école, services publics territoriaux) et par la destruction d’une Sécurité sociale permettant d’élever ses enfants, d’accéder à une retraite décente et aux meilleurs soins.

 

Revenir sur nos fondamentaux

Le but de ce dossier est de rappeler les enjeux souvent obscurcis, y compris à gauche et dans le mouvement social que représente la Sécurité sociale. Défendre les principes de la « Sécu », comme institution indépendante appartenant aux salarié·es, est indispensable, quand la gauche de gouvernement, avec Mitterrand Jospin et Hollande a souvent été à l’initiative des contre réformes, quand Fabien Roussel oppose la « gauche des allocs » à la « gauche du travail », quand la direction de la CFDT défend le remplacement des cotisations sociales par la CSG et quand beaucoup à gauche oublient la différence entre cotisations sociales et impôts. C’est l’un des grands enjeux pour le Nouveau Front populaire.

En permettant, dans la société capitaliste aux salarié·es et aux classes populaires d’accéder à des droits fondamentaux, la « Sécu » est une conquête essentielle pour aujourd’hui. Mais elle préfigure aussi, par la répartition des richesses qu’elle organise, la société que nous voulons construire : une société où chacun·e pourra accéder aux richesses produites, non en fonction de ses revenus , mais de ses besoins.

Nous dédions ce dossier à la mémoire de notre camarade Bernard Hess, militant syndical et politique à la Sécurité sociale, animateur infatigable de notre commission, qui par ses écrits, les réunions qu’il animait sut transmettre avec conviction et humour, l’importance et l’urgence du combat pour la « Sécu ».