Publié le Mardi 20 octobre 2020 à 13h10.

Les hospitalierEs n’ont pas dit leur dernier mot !

L’appel unitaire lancé par lAMUF, la CGT, SUD, le SNPI CFE CGC, l’Inter-bloc, le Printemps de la psychiatrie, la Coordination nationale des hôpitaux et maternité de proximité et le Collectif inter-urgences, ne sest pas traduit par une montée nationale à Paris, malgré le renfort du Collectif inter-hôpitaux. À Paris, un millier de manifestantEs ont défilé et des initiatives ont eu lieu toute la journée, partout dans les régions, portant haut et fort la contestation qui, dans le contexte, a eu un fort impact médiatique et politique.

 

La signature des accords de Ségur par FO, la CFDT et l’UNSA a fracturé le front syndical. Cette division a profondément affaibli le mouvement, d’autant plus que les directions syndicales non-signataires, plutôt que de coordonner, dans une perspective nationale, les nombreuses luttes qui se poursuivent localement, consacrent beaucoup d’énergie à exiger une place à la table de la négociation ministérielle ou nourrissent le dialogue social avec la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris.

 

Fermetures de lits et restructurations se sont poursuivies

La prime Covid de 500 à 1500 euros et l’augmentation de 183 euros, loin des 300 revendiqués, ont apaisé un moment la colère des hospitalièrEs au sortir de la première vague, ceux et celles qui ont affronté le virus sans protections adaptées, le gouvernement et les autorités sanitaires ayant manqué à tous leurs devoirs. Sauf que les 40 000 collègues du médicosocial, exposés au même risque, ont été exclus de cette revalorisation, en toute connaissance des signataires du Ségur.

Tout à leur préoccupation majeure de relancer l’économie, c’est-à-dire permettre aux capitalistes de restaurer leurs taux de profit, les dirigeants n’ont pris aucune disposition pour donner les moyens à l’hôpital public de faire face à la deuxième vague. Bien au contraire, fermetures de lits et restructurations se sont poursuivies. Aucun plan d’embauche et de formation n’a été engagé, alors qu’il manque 300 000 collègues dans les hostos et les Ephad, sans même évoquer le secteur social. Pire, il est envisagé de former des aides-soignantEs en 15 jours, au lieu des 10 mois déjà largement insuffisants. Quant à l’annonce de l’indemnisation des congés supprimés, elle n’est que poudre aux yeux : elle ne concernera que très peu de soignantEs, les congés ayant déjà été refusés par la hiérarchie. Les salaires sont indécents et les conditions de travail gravement dégradées mettent en danger les personnes prises en charge dans les services. Enfin, pour Macron, il s’agit non pas d’un problème de moyens mais d’organisation, la coupe est pleine ! Tout cela est à l’origine du découragement et de l’épuisement professionnel qui gagnent la majorité des soignantEs dont près de 40% envisagent d’abandonner le métier.

Les hospitalièrEs ne renoncent pas

À Toulouse, le 15 octobre, ils et elles étaient 2000 dans la rue, avec les anesthésistes en grève, pour dénoncer la situation au CHU qui n’a de cesse de se dégrader et le manque de lits justifié par un rapport récent de la Cour des compte régionale prescrivant la réduction de ceux-ci. Pour dénoncer aussi la répression d’une syndicaliste mise au tribunal par la direction locale.

Au Centre hospitalier du Rouvray, malgré la grève de la faim de 2018 dont la première des revendications était de retrouver les moyens d’accueillir dans des conditions dignes les patientEs en hospitalisation, et en particulier les mineurEs, la direction poursuit au rouleau compresseur la réduction des moyens hospitaliers en envisageant la fermeture de 86 lits. Le 15, de l’ARS à la cathédrale de Rouen, 200 manifestantEs étaient mobilisé-es. À l'hôpital du Havre, le plan blanc décrété la veille a limité la mobilisation à 80 personnes, les collègues étant réquisitionnés dans des services en 12 heures. 

En Auvergne, de Billom à Royat, en passant par Saint-Paulien et le Puy-en-Velay, à l'hôpital comme dans les Ephad, touTEs se sont mobilisés, tant pour les salaires que pour des embauches. 

À Bordeaux, 700 personnes, très en colère, du CHU et de cliniques privées se sont rassemblées. À Quimper, 160 pour interpeller la maire, nouvelle présidente du conseil de surveillance de l’hôpital mis sous tutelle de l’ARS, pour un déficit de 31 millions. À Tours, 350 à la manifestation régionale avec un taux de mobilisation au CHU de Tours à 2,8% contre 25% le 16 juin dernier. À Besançon, 200 devant l’ARS, présence dynamique de délégations médicosociales. Nombreux à Caen, les médicosociaux et les hospitalières venus d’Evreux pour être reçus par l’ARS. À l'hôpital psy de Ville-Evrard (93) ils étaient 60 à interpeller, en pleine Commission médicale d’établissement, la direction, qui a dû s'engager à faire remonter, à l’ARS, la colère des personnels de la Maison d’accueil spécialisée privés des 183 euros. Y compris à l’APHP, l’Hospitalisation à domicile est en lutte et les infirmièress anesthésistes de Mondor lancent, à l’instar de leurs collègues de Toulouse, un appel à la grève.

Une destruction de l’hôpital qui nest pas disruptive 

Les députés vont débattre du Projet de loi de financement de la sécurité sociale, PLFSS qui, à l'opposé des déclarations de Macron au plus fort de la première vague, confirme de nouvelles coupes budgétaires au détriment de l'hôpital. Face à ce gouvernement et à ce président qui s’acharnent à affaiblir le service public hospitalier, l’urgence est à la riposte unitaire, à la coordination de celles et ceux, nombreuses et nombreux qui, partout en France, ne baissent pas les bras.