L’espérance de vie ne progresse plus. En 2015, elle a même baissé.
On nous expliquait que la chute était conjoncturelle, en raison d’une épidémie de grippe particulièrement virulente. Il faut dire que l’espérance de vie ne consiste pas à prédire la durée de vie des nouveau-nés, elle exprime la durée de vie moyenne d’une génération soumise aux conditions de mortalité de l’année considérée.
Capitalisme régressif
Mais l’explication conjoncturelle est un peu courte : la hausse tendancielle de l’espérance de vie, qui avait progressé de 30 ans au 20e siècle et de près de 4 ans entre 1999 et 2014, est stoppée. L’espérance de vie des hommes a certes progressé entre 2014 et 2018 (passant de 78,5 à 78,8 ans) mais celle des femmes a baissé (passant de 85,4 à 85,3 ans). Plus préoccupant encore, l’espérance de vie en bonne santé stagne depuis pas mal d’années. Entre 2004 et 2017, l’espérance de vie avait grimpé de 2 ans, alors que l’espérance de vie en bonne santé (64,9 ans pour les femmes et 62,6 pour les hommes en 2017) progressait de moins d’une année.
Les inégalités d’espérance de vie sont spectaculaires : en 2018, parmi les 5 % les plus aisés, l’espérance de vie des hommes était de 84,4 ans, contre 71,7 ans parmi les 5 % les plus pauvres, soit 13 ans d’écart. Chez les femmes, l’écart était plus faible (8 ans).
Le phénomène français n’est pas isolé : on observe dans beaucoup de pays une stagnation, voire une baisse de l’espérance de vie. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, l’espérance de vie baisse depuis 2014. Et les inégalités devant la mort augmentent. Le prétendu « plein emploi » aux États-Unis est un leurre qui cache une société de plus en plus invivable pour les catégories populaires. L’espérance de vie y est 4 années inférieure à celle de la France (et une année inférieure à celle de Cuba...). Au Royaume-Uni, l’écart d’espérance de vie entre riches et pauvres est passé, pour les femmes, de 6,1 ans (2001) à 7,9 ans (2016) et pour les hommes de 9 ans (2001) à 9,7 ans (2016).
Le caractère de plus en plus régressif du capitalisme se manifeste de façon spectaculaire dans le blocage de l’espérance de vie. Le projet inégalitaire de Macron aura, sans nul doute malheureusement, un impact négatif sur l’espérance de vie des catégories populaires. Il faut en finir avec Macron et son monde, pour une vie digne, intense et... longue !
Gaston Lefranc